Jeux paralympiques 2024 : à Paris, la belle histoire du jeune nageur tchèque David Kratochvíl

David Kratochvíl (au centre)

Trente-deux sportifs tchèques participent aux Jeux paralympiques qui battent actuellement leur plein à Paris. Après les quatre premières journées de compétition, dimanche soir, la Tchéquie figurait à la 29e place au classement par pays avec un total de quatre médailles. Sacré sur 400 mètres nage libre et deuxième du 200 mètres dos dans la catégorie S11 (cécité majeure), David Kratochvíl est, à 16 ans seulement, la principale figure jusqu’à présent de cette délégation tchèque, la plus importante de ces vingt dernières années.

Soutenue par le président de la République en personne, un Petr Pavel qui avait effectué spécialement le déplacement mercredi et jeudi derniers, la délégation tchèque présente à Paris compte quatre athlètes de plus que lors des précédents Jeux paralympiques en 2021 à Tokyo, d’où elle était revenue avec un total de huit médailles, dont deux d’or en tir à l’arc avec David Drahonínský et en boccia, un sport de stratégie qui se rapproche de la pétanque, avec Adam Peška.

Surtout, pour la première fois depuis vingt ans, le Comité paralympique tchèque (ČPV) a stoppé la baisse du nombre de participants, alors que la Tchéquie, où sont recensées un peu plus de 5 000 personnes pratiquant un sport adapté à leur situation de handicap, est représentée dans huit des vingt-trois disciplines qui figurent au programme à Paris.

Président du ČPV, Zbyněk Sýkora se félicite ainsi de voir à la fois huit nouveaux sportifs ainsi que des athlètes souffrant de tous types de déficiences - physiques, visuelles et intellectuelles - prendre part à ces Jeux en France. Selon lui, cette participation en hausse confirme le bien-fondé de la devise du ČPV, à savoir qu’« il n’existe qu’un seul sport pour tous » (« Sport je jen jeden! ») :

Zbyněk Sýkora | Photo: Anna Duchková,  ČRo

« En collaboration avec l’ensemble du mouvement paralympique et parasportif, nous avons élaboré une stratégie pour les dix prochaines années. Cette stratégie repose sur plusieurs piliers principaux, mais le plus important est de faire en sorte d’être vu. Attirer et retenir l’attention du public est ce qui nous permet de développer les autres piliers que sont notamment l’inclusion du parasport dans l’environnement ordinaire et l’égalité des droits du parasport avec le monde du sport en général. Que l’on se comprenne bien : même si nous sommes ravis de la couverture de la Télévision et la Radio (publiques) tchèques pour ces Jeux de Paris, notre objectif en temps normal n’est pas de passer cinq heures à la télévision. Quelques minutes peuvent suffire car nous sommes une plus petite organisation, mais nous ne voulons plus passer à deux heures du matin. C’est cela la volonté d’être vu pour développer les différents piliers qui figurent dans cette stratégie. »

Après des Jeux olympiques décevants pour la Tchéquie avec un total de cinq médailles très inférieur à ce qui était initialement espéré, les différentes performances qui seront réalisées lors de ces Jeux paralympiques représentent bien évidemment un occasion idéale de porter un coup de projecteur sur le « parasport ». Et dans cette optique, l’histoire du jeune nageur David Kratochvíl, dont les deux premières médailles décrochées vendredi et dimanche derniers ne seront probablement pas les dernières d’ici la clôture des Jeux, dimanche prochain, constitue un excellent exemple de cette mise en lumière d’une pratique du sport « par tous » ou adaptée à la situation de chacun.

À seulement 16 ans, David Kratochvíl a ainsi été sacré dès la première finale olympique de sa carrière, sur le 400 mètres nage libre, et ce, en améliorant son record personnel de plus de sept secondes (4’26’’34). Vainqueur avec 5’’ d’avance sur Rogier Dorsman, le triple champion néerlandais de Tokyo qui l’avait devancé sur la même distance en finale des championnats d’Europe en avril dernier, le Tchèque, ravi de la formidable ambiance qui régnait une fois encore à la Paris-La Défense Aréna, était presque étonné, à la sortie du bassin, de la performance qu’il venait de signer :

« C’est un sentiment fantastique, car je ne m’y attendais vraiment pas... Je savais que j’avais signé le deuxième meilleur temps des séries et que, donc, une médaille était à portée de main, mais je me disais aussi que pour une première finale et pour une première participation aux Jeux, ce serait déjà pas mal de finir dans les cinq premiers. Mais j’ai su transformer cette nervosité en un défi à relever, et même si, dans l’eau, j’avais la sensation de ne pas avancer, quand mon père m’a annoncé que j’étais le vainqueur, cela a été super ! »

Élu parasportif tchèque de l’année 2023 après son premier titre de champion du monde sur 400 mètres nage libre, David Kratochvíl a perdu la vue à l’âge de six ans suite à un cancer de la rétine. Contraint de s’adapter à ce handicap, il s’est alors orienté vers les bassins, comme il l’avait confié, peu avant de s’envoler pour Paris, au micro de la Radio tchèque :

« J’ai commencé par faire du hockey, et lorsque je suis devenu aveugle, nous avons cherché avec mes parents un autre sport que je pourrais pratiquer individuellement. Nous sommes tombés sur la natation, nous avons essayé, cela m’a bien plu et, dix ans plus tard, voilà où j’en suis. Je suis très heureux de mon parcours. En général, je m’entraîne avant ou après l’école. L’école, oui, il faut que j’y aille, ma mère y veille très attentivement. Heureusement, ce n’est pas trop difficile. Je suis au lycée, mais je n’ai pas encore trop de travail, donc ça va. »

Dimanche, toujours dans la catégorie des nageurs dont la vision est très faible ou inexistante, David Kratochvíl, accompagné de ses deux parents Jiří et Stanislava qui lors de chaque course lui servent de « tapeurs » à chaque extrêmité du bassin pour lui signaler l’approche du mur de la piscine, a confirmé ses bonnes dispositions à Paris en décrochant l’argent cette fois sur le 200 mètres dos.

David Drahonínský et Šárka Pultar Musilová | Photo: Martin Balucha,  iROZHLAS.cz

Deux médailles qui en appellent déjà d’autres et auxquelles il convient d’ailleurs d’ajouter celles d’argent et de bronze de Šárka Pultar Musilová et de Tereza Brandtlová en tir à l’arc dans l’épreuve individuelle dans la catégorie W1, réservée aux archers ayant un profil tétraplégique avec un déficit des membres inférieurs, au tronc et à un bras. Et même celle (information de dernière minute ce lundi midi), encore d’argent, de David Drahonínský et de Šárka Pultar Musilová, cette fois dans l’épreuve par équipes mixte.

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