Jiri Dientsbier : s'excuser pour les caricatures, pour quoi en fait ?

Photo: CTK

L'affaire des caricatures et le déchaînement de violence que leur publication ne cesse de provoquer sont très suivis, aussi, en République tchèque. La presse tchèque consacre une large place à des « tribunes » de discussions et de polémiques à ce sujet, dans lesquelles sont impliqués journalistes, politologues, représentants de différentes religions, caricaturistes... assez rarement des hommes politiques. L'avis de Jiri Dienstbier, ex-chef de la diplomatie tchécoslovaque, sur la question est pourtant bien clair. S'il trouve les caricatures concernées pas très bonnes et peu intelligentes, la chose a pour lui encore d'autres aspects.

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« On peut se demander s'il est bon de publier de telles caricatures, on peut avoir à ce sujet des opinions très diversifiées. Mais ce qui est essentiel, c'est que notre civilisation européenne donne à chacun le droit de le faire. Un autre aspect de l'affaire c'est que les caricatures avaient été publiées, il y a plus de quatre mois. Tout le conflit - les manifestations de violence, l'incendie des ambassades, des choses tout à fait inadmissibles - ne s'est produit que quelques mois après. Tout cela prouve que les émeutes n'avaient pas pour moteur initial les caricatures, mais qu'il s'agit là d'une utilisation abusive des caricatures par des fondamentalistes politiques. »

Et l'ex-chef de la diplomatie tchèque d'ajouter que l'affaire n'a presque rien à voir avec l'islam en tant que tel. Pour lui, il s'agit d'une affaire politique, les caricatures ne servant que de prétexte... Compte tenu de l'effet explosif des caricatures, y a-t-il lieu de formuler des regrets ? Jiri Dienstbier :

Jiri Dienstbier
« S'excuser pour quoi, en fait ? Les gouvernements ne sont pas censés formuler des regrets pour ce qu'écrivent ou publient des journaux. C'est comme ça que fonctionne la culture européenne. Si les gouvernements ne doivent pas s'immiscer dans le travail des journaux, ils ne peuvent pas non plus s'excuser pour ce que les journaux font. Ce qu'il faut, c'est expliquer qu'il ne s'agit pas là d'un problème au niveau gouvernemental et qu'il existe chez nous la liberté. Ainsi, celui qui veut publier ces caricatures peut le faire et moi, j'ai le droit de prétendre qu'elles sont moches ».

Lubos Kropacek, professeur d'études arabes à l'Université Charles de Prague, quant à lui, dénonce la publication des caricatures par lesquelles le scandale est arrivé. « Je ne pense pas que la presse danoise, en publiant les caricatures a fait une bonne chose »...

C'est pour demain, l'interview intégrale que Lubos Kropacek nous a accordée.