JO Vancouver : Martina Sáblíková dans l’histoire ; pour les hockeyeurs, c’est fini

Martina Sáblíková, photo: CTK

Les sportifs et le public tchèque ont vécu, mercredi, la journée la plus riche en émotions depuis l’ouverture des Jeux olympiques de Vancouver. En remportant le 5 000 mètres en patinage de vitesse, Martina Sáblíková est ni plus ni moins entrée dans l’histoire du sport tchèque en devenant la première, hommes et femmes confondus, à décrocher deux médailles d’or lors de Jeux d’hiver. Quelques heures avant ce succès attendu, le relais masculin en ski de fond avait, lui, causé une agréable surprise en prenant la troisième place du 4 x 10 kilomètres. Grosse déception, en revanche, en hockey sur glace, puisque la République tchèque, battue (0-2) par la Finlande, a été éliminée dès les quarts de finale.

Martina Sáblíková,  photo: CTK
Comme n’ont cessé de le souligner les commentateurs de la radio et de la télé tchèques présents à Vancouver, Martina Sáblíková est devenue une légende, mercredi, en remportant sa deuxième médaille d’or olympique. Jamais aucun autre sportif tchèque n’avait fait mieux avant elle lors de Jeux d’hiver. Déjà vainqueur du 3 000 mètres, une victoire embellie entre-temps également d’une médaille de bronze sur le 1 500 mètres, la jeune Tchèque a récidivé sur le 5 000 mètres, une distance dont elle était l’immense favorite.

Martina Sáblíková,  photo: CTK
Sur l’anneau de Richmond, Martina Sáblíková, détentrice du record du monde, a réalisé un temps de 6’50’’61, devançant ainsi de 48 centièmes l’Allemande Stephanie Beckert et de plus de quatre secondes la Canadienne Clara Hughes. La Tchèque a eu l’avantage de prendre le départ dans la dernière série, soit après ses deux principales concurrentes, un élément dont elle se félicitait :

« Clara Hughes a réalisé une très bonne performance, car elle s’était préparée tout spécialement pour ces Jeux devant son public. De son côté, Stephanie Beckert avait déjà prouvé sur le 3 000 mètres qu’elle était capable de répartir son effort sur toute la distance, y compris dans les derniers tours. Elle a fait une course excellente aujourd’hui et j’étais très contente de partir après elle. J’avais un point de repère et j’ai pu adapter mes temps de passage en fonction des siens. Mais il m’a fallu tout donner, j’ai même pensé dans les trois derniers tours que cela ne suffirait pas. »

Martina Sáblíková,  photo: CTK
Quoiqu’il arrive désormais, avec un total de trois médailles, dont deux d’or, Martina Sáblíková restera une des grandes figures de ces XXIes JO, et pas seulement en République tchèque. Au-delà de ses performances, elle reste un cas unique en tant que représentante d’un pays qui ne compte que quelques dizaines de licenciés de patinage de vitesse et ne possède aucun anneau de glace digne de ce nom pour s’entraîner. A sa descente de podium, Martina Sáblíková, épuisée par l’effort produit, avait d’ailleurs encore un peu de mal à réaliser :

Martina Sáblíková,  photo: CTK
« Je n’y pense pas trop pour l’instant. J’ai d’abord surtout envie de dormir. La course a été extrêmement difficile et j’ai terriblement mal aux jambes. Encore une fois, Stephanie Beckert a réalisé un temps exceptionnel et j’ai tout donné pour l’améliorer. Je n’avais que la première place en tête dans les derniers tours. »

Double championne olympique, quintuple championne du monde et recordwoman du monde, Martina Sáblíková a déjà gagné, à 22 ans, tout ce qu’une patineuse de vitesse peut espérer gagner. Son entraîneur, Petr Novák, qui accompagne la patineuse depuis ses tout débuts, explique ce qui les attend, elle et lui, désormais.

Petr Novák et Martina Sáblíková,  photo: CTK
« Se saoûler d’abord ! Du moins en ce qui me concerne, mais je pense que tout le monde va boire au moins un petit verre. La saison n’est pas finie, il y a encore la finale de la Coupe du monde et les championnats du monde, mais le classement ne sera plus trop important. Même si connaissant Martina, elle va encore vouloir gagner, j’espère qu’elle prendra d’abord du plaisir. En tant que double championne olympique, elle en a le droit. »

Martin Jakš,  Lukáš Bauer,  Jiří Magál et Martin Koukal,  photo: CTK
Mais l’or de Martina Sáblíková n’a donc pas été la seule médaille tchèque mercredi. En ski de fond, le relais masculin a en effet arraché le bronze dans le 4 x 10 kilomètres, derrière la Suède et la Norvège mais devant la France. Le quatuor composé de Martin Jakš, Lukáš Bauer, Jiří Magál et Martin Koukal a créé une petite surprise, notamment grâce à son leader Lukáš Bauer, déjà médaillé de bronze du 15 kilomètres style libre à Vancouver, et cette fois auteur d’un relais remarquable en style classique :

Martin Jakš,  Lukáš Bauer,  Jiří Magál et Martin Koukal,  photo: CTK
« J’avais dit avant la course que nous n’étions plus aussi bons que dans un passé récent mais que le relais est une épreuve spécifique et que nous avions donc nos chances. Je savais que nous serions parmi les équipes en tête après les deux premiers relais en style classique et que notre résultat final dépendrait ensuite de nos deux derniers relais en style libre. Ceux-ci ont été très bons également et j’ai simplement eu un peu peur lorsque le Norvégien Petter Northug est revenu sur les trois hommes de tête peu avant l’arrivée. Mais Martin Koukal a une nouvelle fois prouvé qu’il était un très bon finisseur et sprinter. Cette troisième place est donc un excellent résultat. »

Jiří Magál et Lukáš Bauer,  photo: CTK
Dans les derniers hectomètres des quarante kilomètres de l’épreuve, Martin Koukal a en effet devancé le Français Emmanuel Jonier, malheureux quatrième comme l’ensemble de l’équipe de France. Avec cette médaille de bronze, les Tchèques réitèrent, eux, une performance réalisée pour la dernière fois aux Jeux de Calgary en 1988.

Tchéquie - Finlande,  photo: CTK
Une médaille de bronze, c’est également ce qu’avait décroché l’équipe tchèque de hockey sur glace lors du dernier tournoi olympique de Turin en 2006. Cette fois, Jaromír Jágr et ses partenaires ne monteront pas sur le podium, puisqu’ils ont été défaits (0-2) par la Finlande dès le stade des quarts de finale. Une déception énorme pour tout un pays, pour lequel le hockey sur glace représente traditionnellement la discipline phare et reine aux JO d’hiver. A la sortie de la glace, les Tchèques avaient des regrets plein la tête, et notamment celui de ne pas avoir inscrit ce petit but qui aurait pu faire pencher la balance en leur faveur, comme l’expliquait le gardien Tomáš Vokoun :

Tomáš Vokoun,  photo: CTK
« C’était un match très équilibré. Le score est longtemps resté de 0 à 0. Avant d’encaisser à cinq minutes de la fin, nous avons eu l’occasion d’ouvrir le score dans le troisième tiers-temps. Il aurait fallu en tirer meilleur profit, car en hockey sur glace, c’est une évidence, mais il est difficile de gagner un match sans marquer le moindre but. »

La frustration et la déception était également immenses chez le défenseur Tomáš Kaberle :

Tchéquie - Finlande,  photo: CTK
« C’est évidemment très dur, car le tournoi olympique réunit tous les meilleurs joueurs au monde. Il se dispute seulement une fois tous les quatre ans, on représente notre pays, c’est donc douloureux de quitter prématurément une telle compétition. Ça fait d’autant plus mal que nous avons assisté à d’autres sports, je pense notamment aux succès de Martina Sáblíková, et nous voulions vraiment nous aussi remporter la médaille d’or et marcher sur ses traces. »

Pour la première fois dans l’histoire du sport tchèque, une pratiquante d’un sport, le patinage de vitesse, qui jusqu’alors n’intéressait que peu ou pas le grand public, va donc rentrer d’une olympiade d’hiver avec plus d’honneurs que les hockeyeurs. En République tchèque, ce n’est assurément pas la moindre des victoires…