Joachim Gauck, premier président allemand à se rendre à Terezín

Joachim Gauck, photo: ČTK

Après avoir marqué les esprits en devenant en 2012 le premier chef d’Etat allemand à se rendre au village martyr de Lidice, dont les habitants avaient été massacrés par les nazis en 1942, Joachim Gauck effectue ce mardi un autre geste hautement symbolique en visitant l’ancien camp de concentration de Terezín. Durant le voyage officiel de trois jours du président allemand en République tchèque, il aura aussi été question de l’Europe et d’économie, avec la visite, mercredi, de l’usine Škoda de Mladá Boleslav.

Joachim Gauck et Miloš Zeman,  photo: ČTK
« L’Allemagne est le moteur de l’Union européenne. Je serais content si la République tchèque pouvait au moins en être la boîte de vitesse. » En recevant lundi au château de Prague Joachim Gauck, le président tchèque Miloš Zeman a formulé le souhait par cette métaphore mécanique de voir son pays adopter rapidement l’euro. L’Allemagne, seule maître à bord en Europe avec le renoncement de la France à faire valoir une autre politique que l’austérité, est en effet le premier partenaire commercial de la République tchèque, dont elle contribue pour presque un tiers des importations et des exportations. Elu à la tête de l’Etat allemand en 2012, Joachim Gauck encourage d’ailleurs les Tchèques dans cette voie de la monnaie unique, notamment parce que pour lui l’intégration européenne contribue à assurer la paix sur le Vieux Continent :

« L’Europe en tant que projet pour la paix est prodigieusement importante (…). Après des temps sombres, Tchèques et Allemands construisons des ponts de compréhension durables et solides. »

Joachim Gauck à l'Université Charles,  photo: ČTK
La visite du chef d’Etat allemand, exceptionnelle par sa durée, marque ainsi une nouvelle étape des relations tchéco-allemandes, notamment en matière d’acceptation du passé difficile des deux nations. Invité par l’Université Charles à présenter ce mardi matin sa vision du projet européen, Joachim Gauck a salué ce lieu, où il y a moins d’un siècle, Allemands et Tchèques cohabitaient en bonne entente. Il a ensuite évoqué l’expérience communiste des deux pays, un régime contre lequel le pasteur luthérien qu’il était s’est personnellement engagé en Allemagne de l’Est.

Surtout, ce mardi après-midi, en compagnie de son homologue tchèque, Monsieur Gauck doit devenir le premier chef d’Etat allemand à parcourir le site de Terezín, à quelques dizaines de kilomètres au nord de la capitale tchèque. C’est là que durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis établirent un camp de travail, où 144 000 personnes furent déportées. 33 000 périrent sur place, 88 000 juifs furent transférés au camp d’extermination d’Auschwitz.

Après cette visite symboliquement forte, l’économie reprendra ses droits puisque le président allemand se rendra mercredi à Mladá Boleslav, ville où est située la principale usine Škoda. Un sujet qu’il a déjà pu évoquer avec le social-démocrate Jan Hamáček, le président de la Chambre des députés, où la présence de Joachim Gauck a également été signalée ce mardi. On écoute Jan Hamáček :

Joachim Gauck,  photo: ČTK
« Le président allemand s’est intéressé au rôle du gouvernement tchèque dans les cas des investissements potentiels des sociétés Volkswagen ou Škoda. Je lui ai parlé de la possible expansion de l’usine Škoda de Kvasiny et du fait que le gouvernement avait préféré soutenir des projets d’infrastructure autour du site. La problématique de l’éducation a également été abordée et le président allemand s’est montré très intéressé par l’enseignement professionnel en République tchèque. »

A noter que Joachim Gauck ne répartira pas de République tchèque les mains vides puisque Miloš Zeman lui a remis une haute distinction d’Etat. Le président allemand appartient désormais au cercle fermé des membres de l’Ordre du lion blanc de première classe.