Malgré une immigration très faible, la Tchèquie pas épargnée par les thématiques anti-immigration
Le thème de l’immigration est présent dans la campagne électorale de plusieurs formations politiques locales, en dépit du fait que, par rapport à la moyenne européenne, les ressortissants étrangers ne constituent qu’une faible part de la population qui vit en République tchèque. La presse s’est fait l’écho du phénomène. Les paroles et actes antisémites sont pratiquement absents dans la société tchèque, tandis qu’ils sont de plus en plus marquants sur Internet. Un texte que nous avons retenu à ce sujet apporte plus de précisions. Les écoles supérieures sont aujourd’hui plus accessibles que jamais. La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt explique pourquoi. La visite de cette semaine en République tchèque du président allemand Joachim Gauck a trouvé un large écho dans la presse. Nous présenterons également quelques extraits à ce sujet. Et, finalement, nous avons retenu un article s’interrogeant, à la lumière du récent suicide très médiatisé d’une chanteuse connue, sur le rôle des tabloïds dans la société tchèque et sur l’intérêt que celle-ci y porte.
« Plusieurs partis locaux ont abattu dans la campagne électorale la carte des ‘inadaptables’ pour attirer les électeurs aux urnes. Ils proposent aux Tchèques une protection contre les usurpateurs d’emplois ou les représentants de cultures différentes, invitant à une restriction de la venue d’étrangers en Europe... C’est le mouvement de L’Aube de la démocratie directe (Úsvit) de Tomio Okamura, formation représentée au Parlement, qui est dans ce sens le plus radical. Mais en réalité, en attaquant les immigrants, Okamura vise les Roms tchèques qui sont généralement désignés comme les ‘inadaptables’. Le thème de l’immigration est apparu cependant aussi chez les chrétiens-démocrates (KDU-CSL), un des partis de la coalition gouvernementale. »
A en croire un récent sondage de l’agence CVVM, plus de la moitié des personnes interrogées estimeraient qu’il y a dans le pays trop d’étrangers. D’un autre côté, selon les données de l’Agence pour l’intégration sociale, les affirmations concernant l’occupation de postes de travail par des étrangers n’est qu’un pur mythe. En effet, le travail en Tchéquie est proposé presque exclusivement aux habitants de l’Union européenne, tandis que les autres, parmi lesquels les plus nombreux sont les Ukrainiens, doivent se contenter de travaux qui n’intéressent guère la population tchèque.
L’antisémitisme prolifère sur internet
Absents au sein de la société et dans la vie politique tchèque, les signes d’antisémitisme sont diffusés notamment sur Internet où ils auraient doublé, en 2013, par rapport à l’année précédente. C’est ce que révèle le rapport annuel de la Communauté juive de Prague concernant l’antisémitisme. Le serveur aktuálně.cz a apporté à ce sujet quelques détails :« La majorité écrasante des contributions antisémites sur Internet, qui sont depuis deux ans en hausse, sont rédigées par des extrémistes de droite. Pour la plupart, elles sont motivées par un antisémitisme racial ‘classique’ et par des théories du complot. Ce sont aussi la visite du président Miloš Zeman en Israël, la guerre en Syrie ou l’échec des négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens qui ont largement alimenté les propos antisémites sur Internet. »
En analysant les causes de la hausse des manifestations de haine sur Internet, les auteurs du texte concerné la mettent en rapport avec la politique proisraélienne du gouvernement tchèque ou avec les problèmes sociaux et économiques auxquels la population est confrontée. Ceci dit, ils tiennent à souligner que l’antisémitisme en Tchéquie peut être considéré comme un phénomène marginal tout en ajoutant que, hélas, ce constat ne concerne pas la haine vis-à-vis d’autres minorités, dont en premier lieu la minorité rom.
L’admission dans l’enseignement supérieur tchèque de plus en plus simple
En Tchéquie, il est cette année plus facile que jamais d’être admis dans une école supérieure. C’est ce que l’on peut lire dans un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui constate également :« En 1995, les candidats à l’admission dans une école supérieure étaient dans une situation difficile. Aux cotés de 180 000 jeunes du même âge, ils représentaient une des années les plus fortes en termes de démographie depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui en revanche, la concurrence est moitié moindre. En plus, l’offre est assez large, les candidats pouvant choisir parmi une trentaine d’écoles publiques et parmi plus d’une quarantaine d’écoles privées. »
Cela signifie que chacun personne qui le souhaite, peut faire des études supérieures. D’autant que des examens classiques d’entrée sont exigés seulement par certaines facultés très sollicitées, surtout celles qui enseignent des disciplines humanitaires ou artistiques. La concurrence croissante et le nombre décroissant de jeunes poussent les écoles supérieures à accepter pratiquement chaque candidat, ce qui est vrai notamment pour les écoles supérieures techniques. En conclusion, Eva Mošpanová indique quel est le prix à payer pour cet état des choses :
« Il y a vingt ans, beaucoup d’étudiants doués ne pouvaient pas, faute de places, faire des études universitaires. Mais il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, l’école supérieure n’est plus ce qu’elle était. A l’époque, un diplôme universitaire était une marque de prestige, tandis qu’à présent il est surtout nécessaire pour obtenir un emploi. Or, on trouve des écoles dans lesquelles on peut acquérir un diplôme aussi facilement qu’un croissant dans un supermarché, à côté d’autres écoles où un travail assidu est toujours de rigueur. ».
Prague sait apprécier le président allemand Joachim Gauck
La visite de cette semaine du président allemand Joachim Gauck en République tchèque a été étroitement suivie par la presse locale qui n’a pas tari d’éloges à son égard. Zbyněk Petráček a rédigé une courte note pour Lidové noviny dans laquelle il écrit entre autres :« Joachim Gauck est le leader allemand le plus accueillant que nous avons pu rencontrer depuis la chute du régime communiste. Rien que le fait qu’il soit venu à une visite de trois jours est un événement hors du commun. Son voyage à Lidice en octobre 2012 à l’occasion d’un premier acte de piété commun des présidents tchèque et allemand, tout comme la lettre qu’il avait adressée à l’ex-président Klaus à l’occasion de l’anniversaire de la tragédie de Lidice, se rangent d’ailleurs dans la même catégorie d’événements. »
Pour Zbyněk Petráček, le président Gauck représente une personnalité extraordinaire et une autorité morale. Il souligne alors qu’« on ne devrait pas apprécier seulement ses gestes, mais aussi écouter ce qu’il dit, par exemple à l’adresse de Moscou».
Iveta Bartošová ou l’amour des Tchèques pour les tabloïds
Rares sont les événements de société à avoir été aussi largement médiatisés que le suicide, la semaine dernière, de la chanteuse Iveta Bartošová, 48 ans, dont le pic de popularité remonte à la fin des années 1980. Sa carrière ayant décliné depuis, lentement mais irrésistiblement, la vie privée de la chanteuse est devenue en revanche une proie inépuisable des tabloïds locaux qui ne se lassaient pas de montrer jusqu’aux détails intimes de sa chute dans toute sorte de dépendances. Si la victime semble avoir de son propre gré nourri cette attention de la presse à sensation, celle-ci a pu entièrement compter sur l’intérêt intarissable des lecteurs pour ce destin aussi minable que tragique. La mort d’Iveta Bartošová et son contexte ont fait pour une fois de plus la une, non seulement des tabloïds, mais ils ont été commentés, aussi, par les médias dits sérieux. Voici un extrait du texte de la plume du journaliste Karel Hvížďala :« Chez nous, les gens ne s’intéressent pas à des choses d’importance primordiale, voilà pourquoi certains cyniques peuvent gagner leur vie en jouant les parasites sur les tragédies des célébrités... Le fait que des histoires banales comme celle de la chanteuse Iveta Bartošová soient des histoires parmi les plus suivies, ne signifie qu’une seule chose : la société civique demeure chez nous encore infantile, tandis que l’‘homo politicus’ ne représente en Tchéquie qu’une faible minorité, l’autorité des personnalités publiques, universitaires ou morales demeurant également faible. L’espace réservé dans les médias à des histoires banales ne cesse d’augmenter ce qui ne peut qu’affaiblir notre société... La démocratie que nous souhaitons, ne serait-ce que théoriquement, doit être basée sur un intérêt durable et actif de la société pour les véritables choses d’intérêt publique et sur notre capacité à les distinguer des banalités. »