Kamil Janáček: « l'euro en République tchèque? Après 2016 »
Entretien aujourd’hui avec l’économiste en chef de la Komerční banka, Kamil Janáček, avec qui il sera d’abord question des conséquences de la crise grecque sur la République tchèque et sur la date de son entrée dans la zone euro.
Kamil Janáček bonjour, on s’était rencontré à la fin de l’année 2008 et à ce moment-là vous nous aviez dit que la République tchèque adopterait l’euro vraisemblablement en 2014. Aujourd’hui, en mai 2010, comment voyez-vous les choses ?
« Etant donné la crise grecque, les grands problèmes de beaucoup de pays de l’eurozone et les problèmes de la Tchéquie après une récession l’année passée, il me semble que si l’on veut sérieusement envisager une date d’adoption de l’euro, pour moi c’est après l’année 2016. »
Est-ce que cela va dépendre beaucoup de l’issue des élections législatives à la fin du mois ?
« Certains facteurs, oui, naturellement. Cela va dépendre du prochain gouvernement et de l’adoption de réformes nécessaires des finances publiques, à commencer par les retraites et la santé. Mais l’autre facteur est que pour le moment et certainement pour quelques années encore, les pays de l’eurozone ne sont pas prêts à accepter de nouveaux membres. A cause de l’expérience avec la Grèce, mais aussi avec l’Espagne, le Portugal et l’Italie où ‘l’infection grecque’ peut avoir une influence très néfaste. »Ce jeudi, la banque centrale tchèque a surpris les analystes en abaissant à un minimum historique son principal taux directeur. Comment l’expliquez vous?
« Je peux vous dire que même si je connais très bien tous les membres du conseil de la banque centrale, je ne comprends pas du tout. Pour moi il n’y a aucune raison de baisser ce taux et il n’y aura pratiquement pas d’effet sur le taux du marché, parce que la situation sur le marché est influencée par d’autres facteurs. En plus, en abaissant ce taux directeur on affaiblit légèrement sa monnaie, ce qui signifie que l’on paie davantage pour les marchandises que l’on importe et qu’on paie en dollars ou en euros, c’est à dire que l’inflation augmente. C’est la raison pour laquelle je ne comprends pas, parce que l’objectif de la banque centrale tchèque, comme de toute banque centrale, est de contrôler l’inflation. Pour moi ce n’est pas une surprise, mais je ne comprends pas. Il faut attendre environ deux semaines, quand le compte-rendu de la session sera publié par la banque centrale. »Dernière question, également liée à la banque centrale : l’actuel gouverneur Zdeněk Tůma a annoncé sa démission. Est-ce que la personnalité de son successeur sera l’un des facteurs importants pour cette date d’adoption de l’euro ?
« Je crois que ce sera important, mais le conseil de sept membres est composé par le président de la République, qui est un éminent économiste. Je crois qu’il va choisir une personne qui partage ses vues réalistes en ce qui concerne l’euro.
Vous savez que Václav Klaus affirme que nous allons adopter un jour l’euro mais qu’il faut choisir le bon moment pour l’économie tchèque et nos partenaires. Dans ce contexte, je pense que le nouveau gouverneur n’aura pas des vues très différentes. Je pense que les six autres membres qui vont rester sont également des ‘euro-réalistes’, sûrement pas des ‘euro-optimistes’. »