Karel Kryl - 10 ans depuis sa disparition

L'exposition consacrée à Karel Kryl, photo: CTK

Karel Kryl, première icône folk des années soixante, premier chanteur des protest songs dans notre pays, symbole de la résistance contre l'occupation soviétique en 1968, rebelle éternel, chansonnier, poète et parolier hors de commun, homme honnête. Il est mort le 3 mars 1994, à Munich, à l'âge de 50 ans. Le 10e anniversaire de son décès s'inscrit dans le cadre de l'Année de la musique tchèque, partie intégrante de la culture européenne.

L'exposition consacrée à Karel Kryl,  photo: CTK
Le "petit grand homme" Karel Kryl est né en 1944, à Kromeriz, en Moravie. C'est probablement dans son enfance que sont enracinées ses attitudes rebelles. La confiscation de l'imprimerie parentale a durement frappé la vie de la famille. Les études lui sont interdites, il travaille dans une usine de céramique sanitaire à Teplice. Il récite Beaudelaire et Villon, écoute Billie Holiday. Individualiste fort, partisan du mouvement hippie et du pacifisme, il supporte très mal le service militaire dont il sort en antimilitariste résolu. Après avoir essayé plusieurs emplois, il débarque, en 1967, à radio Ostrava. Il compose les textes des chansons qu'il interprète, donne des concerts, fonde un petit théâtre, Waterloo. L'année 1967 est pour lui l'une des plus heureuses de sa vie.

Vient l'année 1968 et l'occupation soviétique. Ses chansons marquées dès le début par un certain scepticisme, deviennent mélancoliques et amères. Elles reflètent les sentiments de trahison, de déception et de douleur éprouvés face à l'envahissement de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques. "Mon petit frère ferme la porte" est la chanson emblématique de Karel Kryl, née spontanément le 22 août, en réaction à l'arrivée des "maringottes de fer".

Un mois après l'occupation, Karel Kryl décide de partir à Munich. Il continue à jouer, chanter, composer, sortir des disques. En dépit de son exil, il reste l'un des chanteurs les plus écoutés et les plus chantés dans son pays où il est officiellement interdit.

Après la révolution de Velours, il revient en Tchécoslovaquie. Son esprit de rebelle refait surface. Pour beaucoup, il devient désagréable puisqu'il critique la situation, le non-acquittement du communisme, émet des craintes d'une révolution volée et déplore le divorce des Tchèques et Slovaques:

"A chaque fois que je rentre de Slovaquie, je suis heureux et triste à la fois. La Slovaquie, c'est mon chez moi, il en a été ainsi depuis toujours et il en sera ainsi aussi à l'avenir. La nouvelle frontière entre la Moravie et la Slovaquie me fait mal."

De plus en plus souvent, Karel Kryl quitte la Tchéquie pour Munich où il meurt, le 3 mars 1994.