Káťa Kabanová : une histoire russe sombre et ardente vue par Leoš Janáček
Voilà déjà un siècle qu’a eu lieu la première de l’opéra de Leoš Janáček « Káťa Kabanová ». En effet, il a été joué pour la première fois le 23 novembre 1921, à Brno. Longtemps qualifiée, en République tchèque, d’indigeste et de trop moderne, la musique de Leoš Janáček a paradoxalement conquis les scènes du monde entier il y a longtemps déjà. Pour preuve, ses pièces figurent au répertoire permanent de nombreux opéras.
« Káťa Kabanová » est le deuxième opéra le plus célèbre de Janáček, le premier étant « Její pastorkyňa », connu en France et ailleurs à l’étranger sous le titre de « Jenůfa ». C’est justement le succès qu’avait rencontré « Její pastorkyňa » à Prague et à Vienne qui a incité Janáček à composer un nouvel opéra. Cela faisait déjà un moment qu’il songeait à écrire un opéra s’inspirant de la pièce « L’Orage » du dramaturge russe Alexandre Ostrovski. C’est Janáček lui-même qui a écrit le livret. Mais le titre lui a posé quelques problèmes...
En effet, il existait déjà nombre d’œuvres littéraires, musicales et artistiques intitulées « L’Orage ». Et puis, d’ailleurs, cet opéra ne parle pas d’orage... Lui donner le nom de l’une des héroïnes semblait une bonne idée, mais un motif russe intitulé « Kateřina » aurait pu donner l’impression erronée qu’il s’agissait de l’histoire de l’impératrice Catherine II. C’est pour cela que Janáček a finalement choisit le diminutif de ce prénom et intitulé son œuvre « Káťa Kabanová ».
En réalité, cet opéra compte deux héroïnes principales. A l’opposé de la douce et romantique Káťa, il y a sa despotique tante Kabanicha, qui illustre les manières grossières et rustres des couches populaires.
Dans le cadre de ce dimanche musical, nous allons écouter un extrait de cet opéra. Nous entendrons Elisabeth Söderström dans le rôle de Káťa, et Naděžda Kniplová dans celui de Kabanicha. C’est l’Orchestre philharmonique de Vienne qui l’interprète, sous la direction de Charles Mackerras.