Křivoklátsko : la difficile création d'un cinquième parc national
A quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Prague existe une région sylvestre et verdoyante très appréciée des touristes et répondant au nom de Křivoklátsko. Devenu forêt protégée en 2010, ce territoire dominé par le château de Křivoklát pourrait bien devenir le cinquième parc national de République tchèque. Mais des élus locaux et le préfet de la région de Bohême centrale s’opposent à ce projet voulu par le ministère de l’Environnement.
« Il y a ici près de 120 espèces d’oiseaux nicheurs et nous avons toute une série de batraciens et de reptiles que vous ne trouverez nulle part ailleurs en République tchèque. »
Les écologistes de l’association Hnutí duha ainsi que les autres défenseurs du projet arguent qu’une élévation au rang de parc national serait bénéfique pour tous les acteurs de la zone, en renforçant la protection de la biodiversité et dans le même temps l’attractivité de la région et le tourisme. Les deux ministres de l’Environnement depuis 2010, Pavel Drobil puis Tomáš Chalupa ont d’abord craint de ne pas pouvoir financer ce parc national dont le coût est estimé entre 60 et 100 millions de couronnes annuellement. Ce problème pécuniaire est aujourd’hui relégué au second plan alors que se manifeste l’opposition de certains élus. L’an passé, Josef Řihák, le préfet de la région de Bohême centrale soutenait le projet. Il a pourtant changé d’avis ; son adjoint à l’environnement également. Ce n’est pour l’instant pas la position officielle de la région qui redoute toutefois les coûts qu’elle pourrait devoir supporter. Les raisons invoquées pour expliquer ce retournement de veste sont multiples. Outre l’aspect financier, les autorités de Bohême centrale considère que le niveau de protection actuel de ce territoire est suffisant et que le renforcer ne causerait que désagréments pour les populations locales. Josef Řihák :« Si ce parc national devient réel, il y aura différentes restrictions pour les gens qui vivent à cet endroit. Vous devrez montrer patte blanche pour entrer et cela concernera aussi les gens qui prennent soin de la forêt. Si vous allez y faire un tour aujourd’hui, la forêt et la nature, avec cette clarté, sont très belles sans que ce soit un parc national. »Josef Řihák et son adjoint estiment que cette élévation au rang de parc national réduirait les prérogatives des communes de ce territoire, et principalement en matière de développement économique. Porte-parole du ministère de l’Environnement, Matyáš Vitík réfute toute volonté d’agir à l’encontre de ces villages :
« Notre ambition n’est pas de dicter quoi que ce soit aux communes. Nous pensons fortement qu’un effort de recherche de compromis a été fait. La proposition est solide et personne n’a de raison d’être gagné par la nervosité. »
Dix-neuf communes sont dans le voisinage immédiat du projet de parc national qui doit s’étendre sur près de cent kilomètres carrés, soit seulement 16% de la zone actuellement protégée. Seule la petite localité de Karlova Ves serait incluse au sein du parc. Le ministère prévoit de consulter les habitants de ces villages, dont certains ont, par voix pétitionnaire, déjà exprimé leur opposition par le passé.Dans le même temps, une loi est toujours en préparation concernant le parc national de la Šumava. Elle pourrait permettre l’implantation de nouvelles activités économiques, notamment de loisir, au sein de ce joyau montagneux du sud-ouest de la Bohême et menacer son statut même de parc national. Les opposants au projet sont nombreux et dénoncent l’affairisme et le clientélisme du nouveau directeur de cet espace protégé, Jiří Manek, un homme proche du parti ODS.