La « baffe » infligée au ministre de la Santé fait la une de l'actualité

David Rath et Miroslav Macek, photo: CTK

Un scandale sans précédent ébranle la scène politique tchèque, à quinze jours des élections législatives. Miroslav Macek, une des figures les plus médiatisée du premier parti de l'opposition, l'ODS, a donné une « baffe » au ministre de la Santé et représentant de la social-démocratie gouvernementale, David Rath. L'incident s'est déroulé samedi dernier, lors du congrès pragois des stomatologues et sous les feux des caméras des télévisions. Pour l'auteur de l'agression, il s'agit d'une « affaire strictement privée », pour le ministre et son parti social-démocrate, c'est une « grave agression politique » de la part de l'ODS.

David Rath et Miroslav Macek,  photo: CTK
C'est une affaire qui suscite, chez l'électeur, une drôle d'émotion, où se mélangent choc, dégoût et envie de rire... Miroslav Macek, 61 ans, dentiste de profession, puis politicien haut placé, aujourd'hui conseiller informel du président Vaclav Klaus et lobbyiste, devait animer ce congrès des stomatologues. Après avoir pris la parole, il a annoncé au public qu'il allait, tout d'abord, « régler une affaire privée » avec le ministre David Rath, 41 ans, assis, lui, à la tribune. Sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit, l'animateur s'approche du ministre de dos et lui donne une tape par derrière. Quelques minutes plus tard, alors que David Rath tente de se défendre verbalement, une bagarre éclate entre les deux hommes, derrière le pupitre.

Dans ce sketch qui est ici du jamais vu, c'est curieusement Miroslav Macek qui se veut être le défenseur de la morale : en giflant David Rath, il a voulu le punir, « symboliquement », pour avoir insulté dans la presse son épouse. « Il y a des gens qui aiment l'âme, d'autres qui aiment le corps et d'autres encore qui aiment l'argent », avait dit, dans une interview, David Rath. Une allusion au mariage de Macek avec la rentière suisse, Jana Blochova, couple qui cultive soigneusement son image élitiste et « high society ».

Jiri Paroubek et Mirek Topolanek,  photo: CTK
« La violence n'est pas un moyen de régler des conflits », s'indigne Petruska Sustrova du quotidien LN, tout en critiquant l'absence de culture politique des deux partis, de l'ODS et du CSSD. Le président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, parle, dans le journal Pravo, d'un style grossier et donc dangereux des hommes politiques tchèques, d'une « rhétorique agressive » qui est le prélude à la violence et dont il rend partiellement responsable le chef de l'Etat et président d'honneur de l'ODS, Vaclav Klaus. Ce week-end, ce dernier s'est refusé à tout commentaire sur l'affaire suscitée par son ami Macek. Les médias s'interrogent : à quoi bon susciter, dans cette période électorale, un tel scandale ? Le Premier ministre social-démocrate, Jiri Paroubek, y voit un geste hystérique de l'ODS, actuellement en tête des sondages, mais qui serait, selon lui, en train de perdre des points dans la campagne. D'après de nombreux politologues, l'incident donne au CSSD un prétexte pour démarrer une grande offensive. Parallèlement, un autre débat, où le ministre de la Santé et leader social-démocrate à Prague, David Rath, a son mot à dire : celui sur la Santé publique. Certains médecins et pharmaciens privés viennent de lancer « une semaine de protestations », contre la politique du ministère.

Auteur: Magdalena Segertová
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