" La clientèle francophone est une clientèle spécifique et très exigeante "
Fin juillet-début août : la saison estivale culmine dans la capitale tchèque, où se retrouvent touristes du monde entier. Pour parler avec nous aujourd'hui du secteur touristique dans le pays, Patrick Beslon, responsable d'une agence pragoise spécialisée dans l'accueil de visiteurs francophones.
Le taux de remplissage des hôtels et le nombre de touristes atteint-il déjà son maximum, comme on pourrait en avoir l'impression parfois quand on se promène dans le centre ?
« A mon avis, le nombre maximum de touristes ou les capacités et les possibilités touristes à Prague ne sont pas atteints. Il y a beaucoup de choses à faire et beaucoup de choses à voir. Prague atteint une bonne vitesse de croisière mais on peut aller plus loin, et il reste aussi toute la République tchèque. On peut développer les autres destinations ; il y a des excursions à faire sur une journée ou une demi-journée en dehors de Prague. »
Quelles sont les excursions qui ont le plus de succès ?« Les villes de Kutna Hora et de Cesky Krumlov ont beaucoup de succès. »
Quelle est la meilleure saison, selon vous, pour visiter Prague ?
« C'est un peu difficile à dire. Disons qu'il y a des fortes saisons touristiques pendant lesquelles les hôtels sont très chers, notamment au printemps. En juillet-août c'est un peu moins cher, en automne cela reste cher à cause du tourisme de congrès. La période la plus appréciable pour faire du tourisme individuel serait plutôt le mois de mars, jusqu'au début du mois d'avril. A partir du 7 avril, on tombe dans la haute saison. Mais de janvier, une fois la Saint-sylvestre passée jusqu'à début avril, s'il ne fait pas trop froid, cela peut être agréable et bon marché. »
Quelle est la meilleure manière de trouver un logement pour un séjour à Prague ?
« Plusieurs manières existent : tapoter sur Internet et trouver des agences comme la nôtre qui proposent des hôtels. La solution appartement se développe beaucoup à Prague. Vous pouvez aussi vous adresser à une agence de voyages ou à un tour opérateur. La combinaison agence de voyages pour le billet d'avion et une agence sur place pour l'hôtel est bonne parce qu'elle permet un service de qualité plus élevé que celui d'un tour opérateur qui peut réserver des surprises. »
Quels sont les goûts et les envies des touristes français à Prague ?
« Ils préfèrent l'authentique : a qualité, le petit hôtel de charme dans un quartier sympa plutôt que les gros hôtels... Il faut faire attention à ça. Quand vous passez par un tour opérateur qui vous propose un hôtel pas trop cher un peu excentré, attention ce n'est peut-être pas forcément ce qui est recherché. »
Quelles sont les visites qui ont le plus de succès auprès des francophones ?
« La clientèle française et francophone est une clientèle spécifique très exigeante au niveau de la qualité. Donc nos visites sont conçues pour répondre à cela, proposer le meilleur rapport qualité-prix et montrer ce que les gens recherchent : l'authenticité, les endroits particuliers de Prague et l'histoire générale. Un contact aussi avec la population locale. Les gros tour opérateurs ont parfois tendance à envoyer les touristes voir des concerts spécialement organisés pour eux... Nous essayons de donner l'opportunité aux clients d'avoir un contact, notamment avec nos guides, pour poser des questions comme 'Comment c'était avant la chute du mur', etc. »
Vous êtes vous-même Français ; est-ce difficile de monter une agence touristique à Prague quand on est étranger ?« Oui, c'est difficile parce qu'il faut apprendre le tchèque pour avoir des contacts. Il faut vraiment s'intégrer, à moins d'arriver avec une valise de billets... La concurrence est grande. D'un point de vue général, pas seulement dans le tourisme, cela peut paraître plus simple qu'en France, mais il faut être sûr de son projet et ça marche. »
La Banque mondiale a récemment critiqué la République tchèque pour le niveau élevé de corruption dans le pays. Ressentez-vous un problème de corruption dans l'administration à l'échelle de votre agence ?
« Non, mais il y a une atmosphère latente... La politique du 'petit billet' pour service rendu, le backshish. Pour travailler dans le tourisme, on va systématiquement vous demander une participation. Ce n'est pas simple, moralement cela ne se défend pas trop, mais cela fonctionne comme ça. »