La colonne mariale, oui ou non, sur la place de la Vieille Ville ?

Ces jours-ci, un grand morceau de pierre extrait dans une carrière d'Inde a été acheminé par bateau vers Prague. On devrait dire, plutôt, qu'il s'agit d'un objet d'art, car c'est une pierre travaillée en forme de colonne. Sera-t-il placé sur la place de la Vieille Ville en tant que colonne mariale ? La tâche s'annonce difficile. Alena Gebertova pour plus d'explications.

La première colonne mariale fut bâtie sur la place de la Vieille Ville, qui est la principale place historique de Prague, dans la seconde moitié du XVIIème siècle, donc, après la fin de la Guerre de Trente Ans. Elle fut l'oeuvre du grand sculpteur baroque tchèque, Jiri Bendl. Elle a été démolie par la foule, en 1918, quelques jours après la proclamation de la Tchécoslovaquie indépendante. C'est que, pour beaucoup de Tchèques, à l'époque, la colonne représentait un symbole du règne des Habsbourg.

L'idée de reconstruire la colonne mariale, sur le lieu où elle se trouvait à l'origine, est apparue au lendemain de la chute du régime communiste, il y a onze ans. C'est alors qu'a vu le jour l'Association pour le renouvellement de la colonne mariale, qui considère cette dernière comme un symbole de la réconciliation et de la tolérance, et du renouveau spirituel de la nation. Le premier président d'honneur de l'association fut le cardinal Frantisek Tomasek.

En l'espace des années écoulées, l'initiative de renouvellement de la colonne mariale s'est concrétisée. Une collecte publique en sa faveur a été lancée, qui a réuni, à ce jour, près d'un million et demi de couronnes. Un groupe de sculpteurs, choisi à l'issue d'un appel d'offre, est en train d'achever la réalisation de la copie de la colonne originale, considérée comme l'une des plus belles colonnes mariales d'Europe. Le prix de la copie est évalué à quatre millions de couronnes, et son poids à seize tonnes.

Ceci dit, on ne sait toujours pas si la place de la Vieille Ville sera de nouveau dominée par la colonne mariale. L'idée de sa reconstrution ne plaît pas à tout le monde. Parmi ses grands adversaires figure le maire de Prague, Jan Kasl. D'après ses propres paroles, point n'est besoin de renouveler, au centre de Prague, un monument du catholicisme de la Contre-Réforme. « Les temps ont évolué, je suis, plutôt, pour une fontaine », dit-il.