La corrida vue par Picasso, Goya, Dali et les peintres tchèques
« Tauromaquia, face à face avec le taureau » est une exposition qui se déroule actuellement à la Maison municipale à Prague. Jusqu’au 9 avril, y sont exposés des tableaux de plusieurs peintres tchèques inspirés par la corrida, mais aussi et surtout des dessins de Goya, Dali et Picasso. Monika Burian est la commissaire de l’exposition qu’elle présente au micro de Radio Prague.
Vous parlez d’autres peintres. En effet, il n’y a pas que Picasso, Goya et Dali, mais il y a également des artistes tchèques…
« Il y a en effet Emil Filla et Karel Čapek, mais aussi un autre artiste, Myslbek, pour se projeter un peu dans le passé. Cela correspond au concept des grandes expositions organisées à la Maison municipale à l’heure actuelle et à l’avenir : on veut replacer les artistes tchèques dans le contexte mondiale et en miroir avec leurs contemporains. Ici, ce qui est très intéressant, c’est que Picasso a peint le tableau de Guernica en 1937 en protestation contre le bombardement de la ville de Guernica. On a eu la chance d’obtenir le dessin préparatoire pour la tapisserie. C’est très impressionnant, car c’est en taille réelle, 3 x 7,5 mètres. »C’est un dessin immense…
« En plus on a eu la chance que l’espace d’exposition comprenne cette espèce de chapelle, plus haute que les autres salles. C’est l’endroit idéal pour ce dessin ! Le dessin a été fait par Picasso et sa mère pour ensuite qu’elle serve de base aux trois répliques sous forme de tapisserie : il y en a une en France, dans un musée, à l’ONU, et au Japon dans la salle du Parlement. »
Pour revenir à ce thème de la tauromachie, qu’est-ce qui selon vous, fascine les artistes ? En-dehors de l’aspect culturel, puisque Goya, Dali et Picasso sont espagnols. Mais Filla et Čapek eux aussi sont visiblement fascinés par le sujet…« Dans le cas de Filla, on peut bien voir ici qu’il a créé sur ce sujet entre 1938 et 1942, après Picasso. On y voit le combat de deux bêtes : c’était pour lui un moyen de protester contre le fascisme. Filla est connu pour ses tableaux cubistes, mais peu de personnes savent qu’il a réalisé cette série de près de vingt tableaux de combats avec la bête. On en a réuni une dizaine, venues de différentes institutions. Čapek ou Myslbek sont allés en leur temps en Espagne et ont découvert cette culture. Ils ont voulu communiquer cette culture et ce sens de la cruauté. »