La crainte d’afficher son euro-enthousiasme
Les Tchèques continuent à porter sur l’Union européenne un regard plus réservé que les habitants des autres pays membres. Un texte dont nous allons vous présenter les grandes lignes explique pourquoi. Cette nouvelle revue de presse fera également mention des interrogations sur les mesures de sécurité dans le métro de Prague en lien avec la récente attaque terroriste dans le métro de Saint-Pétersbourg. Quelques mots ensuite au sujet des tendances à la personnification de la politique locale. Au menu de cette émission figurera également la popularité croissante des contrats de mariage et une exposition qui rappelle la situation de la communauté juive de Prague sous le régime communiste.
« Les Polonais et les Hongrois ont depuis plusieurs années des gouvernements eurosceptiques. Ceci dit, les populations de ces deux pays s’identifient à l’Union européenne plus que les Tchèques dans une situation où la Tchéquie possède une structure économique et un gouvernement plus pro-européen que les autres pays du groupe de Visegrád. C’est l’absence d’un débat pro-européen qui serait principalement responsable de cet état de choses. Les moqueries et les plaintes à n’en plus finir à l’adresse des ‘bureaucrates bruxellois’ ont aujourd’hui cédé la place à un silence ‘européen’. Sur la scène politique nationale on ne voit aucun parti qui formule clairement une politique et un agenda pro-européens et qui est audible. »
Mais ce ne sont pas seulement les représentants politiques, mais aussi certaines élites intellectuelles de la société qui considèrent l’Europe comme un élément étranger et invasif. L’auteur du texte que l’on peut lire dans les pages du magazine Respekt considère que la perception superficielle de l’Union européenne, répandue en Tchéquie, mériterait une analyse approfondie. Et de conclure sur un ton optimiste :
« Toutefois, il existe dans le pays assez de personnes, même au niveau politique, qui réalisent que c’est notamment le projet européen qui est dans une grande mesure responsable du confort, de la sécurité et de l’influence dont la Tchéquie peut à l’heure actuelle bénéficier. Mais elles craignent de le dire à haute voix, craignant de décourager les électeurs et d’être étiquetés d’enthousiastes pro-européens naïfs. Cela voudrait tout de même le coup d’essayer pour voir si ces craintes sont vraiment justifiées. »
Vouer plus d’attention à la sécurité du métro de Prague
Les mesures de sécurité dans le métro de Prague sont-elles suffisantes ? Une question qui a été soulevée suite à l’attaque terroriste survenue récemment dans le métro de Saint-Pétersbourg, en Russie, dans un texte mis en ligne sur le site aktuálně.cz. Pour en savoir plus, son auteur s’est adressé à l’ancien chef de l’état-major de l’armée tchèque, le général Jiří Šedivý, qui avait co-rédigé, il y a quelques années, une analyse sur la sécurité du métro pragois. Constatant que ces mesures nécessitent une importante révision, il explique pourquoi :« Il est grand temps de s’interroger des raisons pour lesquelles nous n’avons pas fait à ce jour grand-chose pour assurer la sécurité du métro pragois. Comme on le sait, chaque métro constitue pour les terroristes une cible optimale, ce dont la tragédie qui s’était produite à Saint-Pétersbourg a donné une nouvelle fois un témoignage. Le métro de Prague est vulnérable car toute personne qui y entre peut se rendre pratiquement où elle veut. Ce qui manque, c’est un contrôle conséquent dans les vestibules d’entrée. Il va de soi que l’on ne saurait contrôler tous les passagers, mais on peut le faire du moins occasionnellement. Un contrôle par des caméras capables de détecter les visages et permettant de mettre sur pied un avertissement ou une protection et l’installation de détecteurs d’explosifs, ce sont autant d’autres mesures qui sont également de rigueur. »
De l’avis du général Šedivý, les politiciens et le public tchèque ne portent à ces questions que peu d’intérêt et ce en dépit du fait que les attaques terroristes sembleraient s’approcher de plus en plus de la frontière tchèque.
Un autre regard sur l’attaque terroriste à Saint-Pétersbourg a été présenté par un texte publié dans l’hebdomadaire Reflex. Son auteur écrit notamment :
« A mon grand déplaisir, je dois constater que les attaques survenues à Saint-Pétersbourg n’ont provoqué aucune vague de solidarité sur les réseaux sociaux, même si les médias institutionnalisés ont informé de cet événement de façon aussi détaillée, analytique et contextuelle qu’ils l’ont fait lorsqu’il s’agissait d’attaques survenues en France... Or, la Russie n’est pas un pays étranger éloigné, mais c’est finalement un pays qui est également doté d’une identité euro-atlantique, un pays qui appartient à notre monde. Voilà pourquoi je déclare : Je suis Saint-Pétersbourg ! »
Lorsque la politique se banalise
La prochaine élection présidentielle au suffrage universel direct qui aura lieu en République tchèque en janvier prochain attire d’ores et déjà une grande attention des citoyens, mais les élections législatives de l’automne prochain revêtent pourtant une importance bien plus grande. C’est ce que souligne un texte mis en ligne sur le site Denik Referendum dans lequel on peut aussi lire :« Nous sommes les témoins d’une personnification exacerbée de la politique suite à quoi aux yeux de beaucoup de gens l’élection présidentielle prévaut sur la question de savoir comment sera composé le prochain gouvernement. La politique qui se banalise et se simplifie est perçue, comme tout ce qui nous entoure, comme un des reality shows télévisés. Nous voulons que la politique se déroule devant nos yeux en ligne, de façon attrayante et simple, dépourvue de longs débats ou de la recherche de compromis. Traiter de questions sérieuses paraît alors dans une grande mesure déplacé. »
Dans cette logique, l’auteur du texte estime que la majorité des gens en Tchéquie ne s’intéressent guère aux programmes que les partis proposent et aux perspectives d’éventuelles coalitions politiques. Ce qui semble leur plaire en revanche, c’est de suivre les batailles qui se déroulent dans l’arène politique nationale entre ses principaux acteurs qui se retrouvent régulièrement sous le feu des projecteurs, qu’ils s’appellent Andrej Babiš, Miroslav Kalousek, Bohuslav Sobotka ou Miloš Zeman.
Les contrats de mariage en vogue en Tchéquie
Au cours de l’année écoulée, près de 9500 couples, un cinquième de la totalité des mariages conclus en 2016 République tchèque, ont signé un contrat de mariage. Une preuve du fait que cet acte devient de plus en plus populaire dans le pays, bien que la majorité des Tchèques demeurent à son égard toujours assez réservés, le considérant comme un signe de méfiance entre les futurs époux. Le site du quotidien économique Hospodářské noviny précise à ce propos :« En Tchéquie, un contrat de mariage peut être signé tant avant que durant le mariage. Ce sont le plus souvent des hommes d’affaires, des gens très aisés ou des ‘célébrités’ qui y ont recours. Signés dans l’intimité devant le notaire, ces contrats qui concernent les différents aspects du régime matrimonial sont recommandés notamment au cas où un des conjoints se consacre à des activités ou mène une vie comportant des risques. »
Le site ihned.cz remarque que contrairement à ce que beaucoup souhaiteraient, les contrats de mariage tels qu’ils sont appliqués en Tchéquie n’impliquent pas des règles ou des sanctions pour infidélité ou régissant la séparation faisant suite à la faute de l’un des conjoints.
La communauté juive de Prague sous le régime communiste
La vie et les difficultés de la communauté juive sous le régime communiste. Tel est l’objet d’une exposition qui se tient à partir de cette semaine dans la galerie Robert Guttmann de Prague. Le quotidien Mladá fronta Dnes qui a illustré cette information par une photo des intérieurs dévastés de la synagogue Pinkas, qui abrite un monument en hommage aux victimes de la persécution nazie, détaille :« Sur des exemples concrets, l’exposition montre la façon dont la police d’Etat a agi contre la communauté juive, témoigne des dilemmes auxquels ses membres ont été souvent confrontés. De même, elle rappelle l’engagement de certains de ses membres au sein des milieux dissidents, ainsi que leurs activités en dehors des structures juives officielles. L’exposition présente également des photos de sites juifs de Prague mal entretenus et condamnés à l’époque à une lente dévastation. »
Une grande partie des documents et des photographique uniques puisée dans des archives sont présentés pour la première fois au public.