La création des « groupes d’enfants » menace l’existence des « écoles forestières »
En réponse à la pénurie de places dans les crèches et écoles maternelles, une loi doit permettre la création de « dětská skupina - groupes d’enfants » destinés à accueillir ces petits chérubins dans des institutions publiques ou des entreprises. Le hic, c’est que les conditions hygiéniques de mise en place de ces structures menacent l’existence de certains établissements prenant également en charge des enfants, les « lesní školky » notamment, des écoles maternelles forestières, qui ne peuvent satisfaire ces nouvelles normes. Et la Chambre des députés vient de rejeter une tentative des sénateurs d’adapter le texte de loi que le chef de l’Etat doit désormais signer.
Certaines institutions, telles que le ministère de l’Industrie et du Commerce, proposent déjà à leurs employés les services d’un « groupe d’enfants ».
Mais la loi entérinée par les députés ne fait pas l’unanimité pour une raison précise ; elle ne prévoit pas d’aménagement pour les structures accueillant déjà des enfants, et surtout pour les écoles maternelles forestières, apparues il y a quatre ans et que fréquentent à l’heure actuelle environ 2500 enfants. Il s’agit ni plus ni moins d’un enseignement en plein air, qui jusqu’à présent n’était soumis à aucune règle. Assistante dans une de ces écoles forestières, Lenka Chvalová y scolarise sa fille de trois ans et ce n’est pas par hasard :
« Le principale avantage, je le vois dans le fait que les enfants évoluent dehors. Ils peuvent ainsi développer un aspect physique au sein d’une petite collectivité. Les professeurs peuvent s’occuper d’eux individuellement. Et puis, dans les écoles forestières, les enfants sont plus résistants et tombent moins souvent malades que dans les écoles classiques. »Les écoles forestières ne sont pas les seules à risquer de faire les frais de la nouvelle législation. L’ONG Člověk v tísni gère ainsi un réseau de structures d’accueil pour des enfants habitant des quartiers pauvres et la mise aux normes de ces clubs coûteraient la bagatelle de plusieurs dizaines de millions de couronnes. Directeur du programme d’intégration sociale de l’organisation, Jan Černý ajoute :
« Toute une série de ces clubs, les nôtres ou ceux de nos partenaires, sont dans des locaux qui ne nous appartiennent pas. Nous ne pouvons pas y faire de travaux. »
Des pétitions pour sauver ces centres d’accueil ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de signatures qui ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd puisque les sénateurs ont tenté d’amender le texte de loi pour répondre à ces attentes. Mais en dernière lecture, leurs collègues députés les ont désapprouvés. La ministre Michaela Marksová-Tominová a beau dire que le but n’est pas de fragiliser le système des écoles forestières, Jiří Mihola, le président du groupe chrétien-démocrate à la Chambre basse du Parlement, n’y croit pas et espère qu’il est encore possible de modifier la loi :« Nous croyons fortement que la loi ne restera pas figée dans son état actuel et que certaines promesses seront tenues, notamment en ce qui concerne les écoles maternelles forestières afin qu’elles fassent l’objet de l’attention qu’elles méritent. »
Pourtant, il ne reste plus au chef de l’Etat qu’à signer le texte de loi pour que celui-ci entre en application.