La création des « groupes d’enfants » menace l’existence des « écoles forestières »

Photo: Petra Čechurová, ČRo

En réponse à la pénurie de places dans les crèches et écoles maternelles, une loi doit permettre la création de « dětská skupina - groupes d’enfants » destinés à accueillir ces petits chérubins dans des institutions publiques ou des entreprises. Le hic, c’est que les conditions hygiéniques de mise en place de ces structures menacent l’existence de certains établissements prenant également en charge des enfants, les « lesní školky » notamment, des écoles maternelles forestières, qui ne peuvent satisfaire ces nouvelles normes. Et la Chambre des députés vient de rejeter une tentative des sénateurs d’adapter le texte de loi que le chef de l’Etat doit désormais signer.

Photo: Petra Čechurová,  ČRo
La situation de saturation des crèches et écoles maternelles n’est pas nouvelle et chaque année, de nombreux parents se voient refuser leur demande d’inscription de leur progéniture dans ces établissements. Le projet des « groupes d’enfants », depuis plus de six ans dans les cartons ministériels et finalement validé par les députés, doit permettre de faire face au problème en offrant une solution de prise en charge pour les enfants dont les parents peinent à concilier la garde avec leur emploi. Malgré certaines réserves, notamment sur l’incapacité présumée de ces structures à préparer aux années d’école primaire, la ministre du Travail et des Affaires sociales Michaela Marksová-Tominová en défend le principe :

Michaela Marksová-Tominová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Cette année, 60 000 demandes d’inscription d’enfants en écoles maternelles n’ont pu être satisfaites. Il est évident que les groupes d’enfants ne permettront pas de faire face à tous ces refus mais ils peuvent aider dans un grand nombre d’endroits. »

Certaines institutions, telles que le ministère de l’Industrie et du Commerce, proposent déjà à leurs employés les services d’un « groupe d’enfants ».

Mais la loi entérinée par les députés ne fait pas l’unanimité pour une raison précise ; elle ne prévoit pas d’aménagement pour les structures accueillant déjà des enfants, et surtout pour les écoles maternelles forestières, apparues il y a quatre ans et que fréquentent à l’heure actuelle environ 2500 enfants. Il s’agit ni plus ni moins d’un enseignement en plein air, qui jusqu’à présent n’était soumis à aucune règle. Assistante dans une de ces écoles forestières, Lenka Chvalová y scolarise sa fille de trois ans et ce n’est pas par hasard :

Photo: Klára Bílá,  ČRo
« Le principale avantage, je le vois dans le fait que les enfants évoluent dehors. Ils peuvent ainsi développer un aspect physique au sein d’une petite collectivité. Les professeurs peuvent s’occuper d’eux individuellement. Et puis, dans les écoles forestières, les enfants sont plus résistants et tombent moins souvent malades que dans les écoles classiques. »

Les écoles forestières ne sont pas les seules à risquer de faire les frais de la nouvelle législation. L’ONG Člověk v tísni gère ainsi un réseau de structures d’accueil pour des enfants habitant des quartiers pauvres et la mise aux normes de ces clubs coûteraient la bagatelle de plusieurs dizaines de millions de couronnes. Directeur du programme d’intégration sociale de l’organisation, Jan Černý ajoute :

« Toute une série de ces clubs, les nôtres ou ceux de nos partenaires, sont dans des locaux qui ne nous appartiennent pas. Nous ne pouvons pas y faire de travaux. »

Photo: Petra Čechurová,  ČRo
Des pétitions pour sauver ces centres d’accueil ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de signatures qui ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd puisque les sénateurs ont tenté d’amender le texte de loi pour répondre à ces attentes. Mais en dernière lecture, leurs collègues députés les ont désapprouvés. La ministre Michaela Marksová-Tominová a beau dire que le but n’est pas de fragiliser le système des écoles forestières, Jiří Mihola, le président du groupe chrétien-démocrate à la Chambre basse du Parlement, n’y croit pas et espère qu’il est encore possible de modifier la loi :

« Nous croyons fortement que la loi ne restera pas figée dans son état actuel et que certaines promesses seront tenues, notamment en ce qui concerne les écoles maternelles forestières afin qu’elles fassent l’objet de l’attention qu’elles méritent. »

Pourtant, il ne reste plus au chef de l’Etat qu’à signer le texte de loi pour que celui-ci entre en application.