La criminalité en baisse en République tchèque
Selon les derniers chiffres de la police rendus publics mardi, la criminalité a connu une baisse notable de 14,2% en 2015, une tendance qui se confirme pour la deuxième année consécutive. Moins de délits et de crimes et davantage d’enquêtes résolues, telles sont les principales conclusions à tirer de ces statistiques. Mais aussi un changement dans le type de crimes commis, avec des délinquants qui se réfugient dans le monde de la cybercriminalité.
Selon l’adjoint du président de la police, Zdeněk Laube, cette tendance est particulièrement notable dans certaines régions économiquement défavorisées, comme la Moravie-Silésie ou la région d’Usti nad Labem, avec une baisse de 18% de la criminalité, mais aussi dans la région fortement peuplée de Bohême centrale. La capitale, Prague, indique une tendance similaire, avec une baisse de 10,8%. Pour Michal Mazánek, directeur du Bureau de la police criminelle et d’investigation, plusieurs facteurs interviennent pour expliquer ce phénomène :
« Il y a évidemment plusieurs raisons à cela. On peut évoquer la bonne santé de l’économie et la croissance, ce qui entraîne une baisse du chômage, une augmentation du niveau de vie des citoyens. Ensuite, les gens ont tendance à mieux sécuriser leurs biens grâce à de nombreuses techniques. Je ne peux pas ne pas mentionner l’excellent travail de nos équipes. Après le départ de toute une génération d’enquêteurs très expérimentés ces dernières années, une nouvelle génération de policiers est en train d’émerger. »247 628 délits et crimes ont été commis en tout en 2015 et au total, ce sont 102 000 personnes contre lesquelles ont été engagées des poursuites, une baisse également par rapport à l’année précédente. La moitié de ces poursuites étaient dues à des cas de récidives. La résolution d’enquêtes a également augmenté de près de 2% avec 126 083 enquêtes résolues, soit plus de la moitié des cas traités et notamment dans le domaine de la criminalité économique, des affaires de drogue ou encore des jeux de hasard illégaux.
Parmi les autres facteurs pouvant expliquer cette baisse, un glissement aussi dans le type de criminalité auquel la police fait face, comme l’explique Michal Mazánek, qui pointe du doigt une cybercriminalité en hausse de 15% :
« Nous sommes en face d’une nouvelle génération de criminels qui se réfugient sur Internet qui offre un espace de vente plus facile. On a moins de vols ‘classiques’ car il est de plus en plus difficile de revendre des objets volés en raison de la mise en place de nouveaux règlements dans les bazars, avec la constitution de registres qui répertorient l’identité des personnes qui vendent et le bien vendu. »Et c’est justement l’un des objectifs de la police pour l’année à venir : accentuer la lutte contre la cybercriminalité, et créer pour ce faire, une branche spéciale dans le cadre de l’Unité de lutte contre le crime organisé.
Pour ce faire, la police criminelle tchèque a annoncé vouloir embaucher cette année 362 nouvelles personnes afin de renforcer ses équipes spécialisées dans la criminalité en ligne, la drogue ou le terrorisme. A l’heure actuelle, les effectifs de la police s’élèvent à 40 000 personnes, mais l’objectif dans les cinq ans à venir serait d’atteindre 44 000 membres des forces de l’ordre, si l’on en croit la feuille de route prévue pour la période 2016-2020. Pour Michal Mazánek, cet investissement dans le personnel de la police est plus que jamais nécessaire :
« Nous avons certes présenté un certain nombre de statistiques, mais cela ne nous dit rien sur la criminalité qui nous échappe. Il s’agit là d’une criminalité latente. A l’avenir, la criminalité va prendre des formes beaucoup plus sophistiquées, elle va se dérouler sur Internet, et bien sûr, les affaires économiques vont être beaucoup plus complexes. L’embauche de nouvelles personnes est plus que jamais nécessaire. Cela ne concerne pas uniquement notre unité d’investigation, mais nous devons également avoir une action préventive. Cela signifie davantage de policiers dans les rues dans les localités à risques. »Reste que ce projet de renforcement important des troupes doit encore être approuvé par le gouvernement. Le budget nécessaire est évalué à quelque 8,3 milliards de couronnes.