Presse : le groupe PPF appelé à sauver le pluralisme des médias en Slovaquie

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord à un appel qui a été adressé au groupe d’investissement PPF en lien avec la situation des médias en Slovaquie. Un autre sujet traité : la Tchéquie à la Une d’une récente édition du Wall Street Journal. Le magazine se penche également sur le comportement des automobilistes tchèques qui semble s’améliorer et s’intéressera à quelques récentes données démographiques.

Le groupe d’investissement PPF fondé en 1991 en Tchéquie, résistera-t-il aux pressions exercées par le gouvernement slovaque de Robert Fico sur la télévision Markíza, la chaîne slovaque la plus suivie dans le pays, dont il est le propriétaire ? Une question qui préoccupe le journal en ligne Hlídacípes.org :

« Après que le gouvernement slovaque de Robert Fico a décidé de lancer une campagne contre l’audiovisuel public, les politiciens de l’opposition, les intellectuels et les journalistes ont tourné tous leurs espoirs vers la chaîne Markíza dont la couverture de l’actualité est d’une qualité assez élevée. Mais comme elle a été, elle aussi, critiquée par le Premier ministre Robert Fico pour sa prétendue partialité, ils se sont adressés au groupe d’investissement PPF auquel elle appartient. Une façon de demander à Renata Kellnerová, première fortune de Tchéquie selon Forbes, qui y joue un rôle majeur, de ne pas céder aux pressions afin de préserver l’importance de la télévision pour la société slovaque. »

Le site de veille sur les médias rapporte que le gouvernement slovaque menace PPF de priver Markíza des revenus publicitaires de l’Etat s’il ne « pacifie » pas les journalistes, d’autres affaires de la famille Kellner risquant d’avoir également des problèmes en Slovaquie. « Il s’agit donc de choisir entre deux alternatives : soit affronter le gouvernement slovaque et s’attirer les applaudissements de l’opposition et des intellectuels, soit ‘superviser’ un peu les employés de Markíza et leurs positions vis-à-vis du gouvernement Fico. C’est à Renata Kellnerová, la veuve du fondateur du groupe, Petr Kellner, de trancher », lit-on en conclusion.

La Tchéquie à la Une du Wall Street Journal

« Le fait que la Tchéquie ait figuré, ce lundi, en Une du journal américain Wall Street Journal, en lien avec l’initiative tchèque pour l’achat de munitions à destination de l’Ukraine, est très important. D’autant plus que pour ce journal, tout comme pour beaucoup d’autres grands quotidiens mondiaux, la Tchéquie était jusqu’à présent quasi inexistante », écrit l’éditorialiste du site Seznam Zprávy :

Photo: The Wall Street Journal

« Grâce à cette information, la Tchéquie se présente comme un pays qui a trouvé son rôle dans une époque difficile. Certes, on peut avoir des opinions différentes sur la manière dont la crise internationale actuelle en Europe doit être résolue. Mais le président Petr Pavel, qui a le potentiel de devenir un leader politique fort et authentique, a réussi à conférer à la Tchéquie le rôle d’un pays qui participe activement à la marche de l’histoire, au lieu d’être un pays qui se laisse faire comme c’était presque toujours le cas dans le passé. Le journal présente la Tchéquie comme un pays fort et sûr de lui. Un pays qui revendique une responsabilité européenne et son appartenance à l’Occident dont il est issu historiquement. »

C’est d’ailleurs pour cette raison, comme l’estime l’éditorialiste de Seznam Zprávy, que l’article a provoqué l’enthousiasme chez beaucoup de Tchèques :

« C’est effectivement ce genre de pays que nous voulons être. Nous ne voulons pas être un espace malheureux au milieu de l’Europe, victime de l’histoire, mais nous voulons écrire l’histoire nous-mêmes. Il se peut qu’on n’y arrive pas. Mais il est important de vouloir au moins essayer. »

Les automobilistes tchèques plus disciplinés

S’agissant de la baisse du nombre d’accidents mortels sur la route et du comportement des automobilistes au volant, la situation s’améliore en Tchéquie. Un constat vrai mais surprenant, selon l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt :

Photo illustrative: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Avant notre adhésion à l’Union européenne, nous étions l’un des pires pays européens en termes de statistiques d’accidents mortels, alors qu’aujourd’hui nous nous situons autour de la moyenne. Il y a lieu de saluer la volonté du ministère des Transports d’aller plus loin encore. Celui-ci veut rendre plus sévère le système d’amendes pour les infractions, tandis que les automobilistes agressifs, sans gêne et imprudents seront contraints de suivre des séances de thérapie qu’ils devront payer eux-mêmes. L’Etat envoie ainsi le message qu’il ne se contentera pas de punir les auteurs d’infractions, mais qu’il leur offre également la possibilité de changer leurs habitudes. »

L’éditorialiste de Respekt rappelle également :

« C’est en 1967 que le port de la ceinture de sécurité est devenu en Tchécoslovaquie. Une mesure qui a permis de réduire considérablement le nombre d’accidents mortels. L’année 1990 a changé la donne. Le nombre de voitures sur les routes a fortement augmenté et la liberté qui régnait dans le pays après la chute du régime communiste s’est également manifestée, mais de manière néfaste, sur les routes. Ainsi, au cours de la première décennie des années 1990, 14 000 personnes sont mortes sur les routes. Cette tendance a commencé à changer avec l’adhésion à l’Union européenne et avec l’introduction du système à points et l’augmentation du tarif des amendes. »

Le nombre d’habitants en Tchéquie augmente, mais...

« Peut-on survivre sans migration ? », se demande le chroniqueur du quotidien Lidové noviny en réaction à la publication des dernières données démographiques de l’Office tchèque des statistiques qui révèlent que le nombre d’habitants en Tchéquie a atteint presque 11 millions :

Photo illustrative: René Volfík,  ČRo

« Le bilan démographique de 2023 montre que la population en Tchéquie tend à augmenter, mais uniquement grâce à l’immigration. Cette dernière mise à part, il faut constater que la Tchéquie est en train de se dépeupler, vu le déséquilibre qui existe entre le nombre de naissances et le nombre de décès. Depuis 2022, les données statistiques incluent dans la population les personnes bénéficiant d’une protection temporaire en Tchéquie. C’est donc principalement à l’arrivée  d’Ukrainiens dans le pays que celle-ci se situe actuellement autour de 10,9 millions de personnes et que Prague a atteint près de 1,4 million d’habitants. »

Seuls Prague et deux districts voisins, comme le précise le chroniqueur, affichent une croissance démographique naturelle, avec un taux de natalité supérieur au taux de mortalité. Or, au milieu du pays se trouve une mégapole de près de deux millions d’habitants qui est suffisamment attrayante pour croître naturellement, tandis que le reste du pays n’augmente que grâce à l’immigration. « Toutefois, on ne saurait évaluer le nombre de réfugiés ukrainiens entendent rester en Tchéquie », avertit le chroniqueur de Lidové noviny.

Homicides en hausse : une tendance ou un hasard ?

En 2023, le nombre d’homicides en Tchéquie a augmenté pour la deuxième année consécutive. C’est ce que rapporte un texte publié dans le quotidien Deník N selon lequel cela aurait été le cas même sans la tuerie du 21 décembre à l’Université Charles à Prague et qui a fait 14 victimes. Difficile pourtant, selon les sociologues, d’en conclure qu’il s’agit d’un hasard ou bien du début d’une tendance. Le chroniqueur du journal précise :

Photo: Filip Jandourek,  ČRo

« Le nombre d’homicides a fortement augmenté depuis la pandémie de Covid-19. Au cours de l’année écoulée, 159 meurtres ont été commis dans le pays, neuf de plus que l’année précédente.  Or, le taux de meurtres de l’année dernière est le plus élevé depuis 2014, année où il avait été presque le même. Cela dit, les experts s’accordent sur le fait qu’il faut observer la tendance sur le long terme, soulignant que plus de trente ans après la chute du régime communiste, la société est beaucoup moins violente et plus sûre qu’auparavant. »

Deník N a également examiné les différences régionales avant de constater que ce sont, logiquement, les régions les plus peuplées et Prague qui ont connu le plus de meurtres, motivés en premier lieu par des conflits d’ordre relationnel. Et d’ajouter que le nombre d’étrangers impliqués en 2022  a légèrement augmenté constituant un cinquième de leur nombre total.