La dernière pièce de Vaclav Havel est une tentative de faire le bilan
Plus de quatre ans après la fin de sa présidence, Vaclav Havel revient au théâtre. Il n'a pas oublié qu'avant de devenir président de la République, il a été un dramaturge connu dont les pièces ont été jouées dans le monde entier. Il y a quelques temps déjà, Vaclav Havel a mis un point final à une nouvelle pièce de théâtre dont la création était voilée d'un secret. Quelques informations ont cependant filtré dans la presse.
Selon les rares personnes ayant déjà eu le privilège de lire le dernier opus de Vaclav Havel, l'auteur y développe des motifs tirés du Roi Lear de Shakespeare et de la Cerisaie de Tchekhov. Vaclav Havel s'est inspiré sans doute des années de sa carrière politique car l'action est située dans une villa gouvernementale et le personnage principal est un chancelier. C'est une pièce sur le départ, sur le renoncement au pouvoir. L'auteur l'a appelée « Odchazeni » ce qu'on peut traduire librement « En partance ». Il a expliqué pourquoi à la télévision publique tchèque. « C'est en liaison avec le thème de ma pièce et revêt aussi une profonde signification pour moi. C'est une tentative de faire le bilan, de conclure quelque chose, une tentative de partir mais non pas vers l'enfer ou au paradis. Cela veut dire que quelque chose est finie mais qu'on peut y ajouter encore des additifs... »
La pièce pourrait être donnée l'année prochaine au Théâtre national de Prague. Les négociations entre la direction du théâtre et l'auteur représenté par une agence théâtrale sont en cours et semblent assez compliquées. Et Vaclav Havel apprend ce qu'est le monde du théâtre du début du XXIe siècle :
« Il n'était pas facile pour moi de revenir au théâtre après une si longe absence. En plus je ne suis pas habitué à proposer mes pièces à différents théâtres. Je ne peux pourtant pas me plaindre du manque d'intérêt. Mais le monde du théâtre a beaucoup changé pendant ces 18 ans que je n'en faisais pas partie. De nouvelles habitudes se sont créées et parfois j'ai du mal à m'y retrouver. »
Lors de la rédaction de la pièce Vaclav Havel pensait déjà aux comédiens concrets auxquels il aimerait confier certains rôles. Il voudrait qu'un des rôles soit campé par le comédien tchéco-américain, son ami Jan Triska et un autre par sa femme, Dagmar Havlova. Celle-ci comptait de jouer dans la pièce d'autant plus que, comme elle a dit dans une récente interview pour le journal Pravo, elle avait assisté à la gestation de l'oeuvre, l'avait discutée avec l'auteur et y avait apporté ses idées et ses inspirations. Il semble cependant que la direction du Théâtre national préfère distribuer les rôles aux comédiens de sa propre troupe et Dagmar Havlova, découragée par cet accueil froid de son engagement, se retire de cette production. « Je ne veux plus travailler que dans une atmosphère qui serait créatrice et pleine d'inspiration, et non pas étouffante », explique-t-elle sa décision.Et qu'en dit Vaclav Havel ? Malgré les difficultés teintées d'amertume que lui apporte sa dernière oeuvre, il pense déjà à une nouvelle pièce de théâtre : «Déjà quelque chose est en train de naître dans ma tête, oui ... », avoue-t-il.