La diplomatie culturelle pour « favoriser les échanges entre les nations » (II)
Nous diffusons aujourd’hui la suite d’un entretien avec Eliška Tomalová, chercheuse tchèque en sciences politiques. Dans la première partie de cet entretien, Eliška Tomalová nous avait présenté le concept de diplomatie culturelle. Interrogée par Antoine Idier, cette chercheuse revient plus précisément sur la diplomatie culturelle française, sujet auquel est consacré son livre « Kulturní diplomacie - Francouzská zkušenost ».
" La diplomatie culturelle française, comme je l’ai dit, est une longue tradition : déjà cette continuité est une spécificité importante. Et cette continuité dépasse les clivages politiques, c’est-à-dire qu’il y a un consensus sur la scène politique française sur l’importance de la diplomatie culturelle. Les français sont très fiers de leur réseau : ce réseau est très étendu. Le nombre de centres culturels à l’étranger, le nombre des services culturels, est très élevé, et très étendu en ce qui concerne l’étendu géographique. Il y a des parties du globe où la France est moins présente, comme les Etats-Unis, mais là elle complète son activité par l’activité de l’Alliance Française. Cela peut constituer une autre spécificité du modèle français, cette complémentarité entre les Alliances et les centres culturels. Et il y a aussi la place de la langue, la francophonie joue un rôle très important dans la diplomatie française. "
Justement, on peut peut-être avoir un aperçu à Prague des activités de la diplomatie culturelle française. Il y a d’abord l’Institut français de Prague, il y a aussi des importants cours de français pour les tchèques. On peut aussi évoquer le lycée français de Prague. Donc, autant d’activités francophones à Prague qui illustrent la variété des activités culturelles françaises à l’étranger.
" A Prague, les français sont culturellement très présents. Vous avez évoqué l’Institut français qui a une longue tradition et aussi une place importante dans la vie culturelle de Prague, vous avez le lycée français fréquenté par les locaux aussi bien que par les français. Et il y a aussi le Cefres, qui est le Centre français de recherche en sciences sociales : je le mentionne parce que la recherche fait aussi partie de la diplomatie culturelle. Ces institutions jouent un rôle important, elles se trouvent dans une concurrence certainement parce qu’il y a d’autres centres culturelles à Prague mais maintenant vous avez beaucoup d’activités qui ont lieu hors des murs de l’Institut français, ces activités ont plus d’impact parce qu’elles vont plus vers le public. Et il y a eu ce contexte positif pour les échanges culturels, les deux présidences consécutives du Conseil de l’Union Européenne. "Vous évoquiez à la fois la République tchèque et la France. Qu’est-ce qu’une comparaison entre les deux diplomaties culturelles et les actions menées à l’étranger par ces deux pays peut nous apprendre ?
" La diplomatie culturelle tchèque n’est pas aussi ambitieuse que la diplomatie française, mais je peux dire qu’elle couvre presque toutes les activités, à part l’enseignement tchèque à l’étranger, puisque nous n’avons pas de lycée tchèque à l’étranger. Mais nous avons notre audiovisuel extérieur, avec Radio Prague, nous avons les centres culturels tchèques Česká centra à l’étranger qui sont dans les grandes villes et qui sont présents sur presque tous les continents. La diplomatie culturelle tchèque, en tant que secteur d’activité est assez étendu, mais moins ambitieuse. Alors qu’est-ce qu’on peut apprendre avec la France ? En France, on a maintenant beaucoup accentué la réciprocité dans le cadre des échanges culturels et je crois que c’est une tendance très positive qui devrait être accentuée aussi dans le modèle tchèque de la diplomatie culturelle."