La diplomatie culturelle pour « favoriser les échanges entre les nations » (I)

Le Goethe Institut, l’Institut Polonais, Autrichien ou même l’Institut Français : Prague abrite bon nombre d’instituts étrangers, financés par des Etats pour promouvoir leur culture à l’étranger. Un tel financement fait partie de ce qu’on appelle « la diplomatie culturelle », un sujet auquel s’intéresse Eliška Tomalová, doctorante à l’Université Charles et chercheuse à l’Institut des Relations Internationales de Prague. Cette jeune chercheuse a publié en 2008 un livre « Kulturní diplomacie - Francouzská zkušenost », dont la traduction française pourrait être « la Diplomatie culturelle – l’exemple français ».

Eliška Tomalová
« La diplomatie culturelle fait partie de la diplomatique publique, c’est-à-dire que c’est le secteur de l’activité diplomatique qui s’adresse non pas aux diplomates, mais au grand public. La diplomatie culturelle comprend plusieurs secteurs, notamment l’activité des centres culturels, la propagation de la langue, l’audiovisuel extérieur, les échanges éducatifs, etc. Pourquoi s’intéresser à elle ? On peut dire qu’elle est à la mode aujourd’hui. C’est un secteur de l’activité diplomatique qui facilite la compréhension entre les nations, les publics d’un pays et de l’autre : elle est plus ouverte, elle favorise les échanges futurs entre les nations. Elle a vraiment des impacts positifs sur les relations. »

Cette notion de diplomatie culturelle, peut-on dire qu’elle est récente ? Ou finalement les Etats la pratiquent depuis un certain nombre d’années ou de siècles ?

« La diplomatie culturelle est une activité ancienne, mais institutionnellement elle fait partie de l’activité diplomatique surtout à partir de la seconde moitié du XXème siècle. Et la diplomatie culturelle française a une tradition très longue, c’est pour ça que je me suis intéressée aussi au modèle français. »

Vous évoquiez aussi plusieurs modèles théoriques de cette diplomatique culturelle, c’est-à dire qu’elle peut prendre ders formes diverses selon les Etats ?

« Je définis plusieurs modèles : je parle du modèle français, américain, britannique et des pays plus petits comme la République tchèque. Ces modèles ont des ressemblances mais il y a aussi des différences, bien sûr. Du côté théorique, c’est un peu plus compliqué : il n’y a pas de théorie qui parle vraiment de diplomatie culturelle, il y a plutôt des concepts théoriques qui peuvent être utilisés pour l’étude de la diplomatie culturelle, notamment le concept américain de soft power, de Joseph Nye. Il y a aussi des études dans le monde anglo-saxon et aux Pays Bas sur le ‘branding’, sur la diplomatie publique qui peuvent être utilisés pour l’étude de la diplomatie culturelle. »

Vous évoquiez le concept clé de « Soft Power » : comment le définir ?

« D’après Joseph Nye, le pouvoir, ‘power’, a deux parties : une partie, « hard power » qui surtout englobe les activités économiques et les activités traditionnelles de défense. Le ‘hard power’ oblige par la force de suivre un pays tandis que le ‘soft power’ donne un exemple positif, c’est un pouvoir d’attraction. Ce pouvoir peut prendre plusieurs formes, comme un côté idéologique, un côté culturel. La diplomatie culturelle est un instrument du ‘soft power’ d’une nation. »