La fin de « l’ère Kadhafi » vue de Prague
La scène politique et les médias tchèques, ont salué la capture suivie du décès du dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Le chef du gouvernement, Petr Nečas, a parlé de « tournant symbolique sur le difficile chemin du peuple libyen vers la liberté », en ajoutant que le succès de la révolte libyenne était déterminé par le respect du droit. « La guerre est finie. Du calme, enfin ? », s’interroge, à la place de beaucoup de Tchèques, le quotidien Lidové noviny. Quels défis pour la Libye dans la période de « l’après-Kadhafi ? » Radio Prague s’est entretenu à ce sujet avec Petr Drulák, directeur de l’Institut pragois des relations internationales.
Le gouvernement de transition joue donc un rôle-clé dans cette situation…
« En effet. Les divers courants qui ont défié Kadhafi devront se mettre d’accord sur un nouveau gouvernement, ce qui ne sera pas du tout facile. Même si la Libye n’a pas une tradition démocratique, les citoyens revendiquent la liberté et la démocratie dans leur pays. Il sera difficile d’appliquer ces principes. La démocratie, cela signifie aussi que le courant islamiste jouera un rôle important dans la vie politique. La question est de savoir s’il se profilera comme un courant d’Islam démocratique ou comme un courant peu tolérant. »
L’ONU veut que les circonstances de la mort de M. Kadhafi soient élucidées. Le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, a dit : « Je regrette qu’il ne sera pas traduit devant un tribunal, ce qui expliquerait ses actes. Je crains qu’il puisse même devenir martyr et héros ». Pensez-vous que la mort de Kadhafi est la meilleure solution pour la Lybie et pour les anciens partenaires du dictateur sur la scène internationale ?« Je crois que le procès aurait fait une publicité énorme à Kadhafi. Donc je ne suis pas sûr que la ‘solution’ qui a été prise soit mauvaise. Cet événement s’est passé dans une situation de guerre, et dans une guerre il y a forcément des morts. Je ne suis pas sûr que le procès, qui aurait d’ailleurs été difficile à organiser, aurait permis de mettre en lumière tous les crimes du régime de Kadhafi. Pour les élucider, il aurait fallu l’engagement de plusieurs commissions d’investigation indépendantes. »
Quel devrait être, selon vous, le rôle de la communauté internationale et plus particulièrement de la République tchèque dans la reconstruction de la Libye ?
« Nous devrions surtout soutenir les forces démocratiques en Libye. Je pense au soutien démocratique et économique, pas vraiment financier car la Libye est un pays potentiellement très riche, mais plutôt à l’encouragement de l’échange commercial. Entre la République tchèque et la Libye, il pourrait y avoir un échange d’une certaine expérience des transitions. »