La machine diplomatique se met en marche pour retrouver un Tchèque porté disparu en Libye
Après l’attaque menée vendredi dernier par un mouvement armé islamiste contre un champ pétrolier en Libye, un Tchèque, employé d’une entreprise pétrolière, est porté disparu. Selon des informations non confirmées, il aurait été enlevé avec huit autres personnes, un Autrichien et des ressortissants des Philippines et du Bangladesh. Le sujet a également figuré au programme de la réunion gouvernementale de ce lundi.
« A partir de toutes les informations dont je dispose, soixante heures après l’attaque, je ne peux pas vous dire avec certitude où se trouve le ressortissant tchèque ni dans quel état. Aucune des versions sur lesquelles nous travaillons n’a encore été confirmée. Pour des raisons de sécurité et par respect pour la famille, l’identité de la personne ne devrait pas être révélée. »
En juillet dernier, la République tchèque a fermé son ambassade dans le pays et n’y a pas ouvert de bureau consulaire. Ancien chef des services de renseignements tchèques, Karel Randák estime qu’il faudra mobiliser d’anciens contacts :
« Avant l’année 1989, la République tchèque avait de très bonnes relations avec la Libye. Il y avait pas mal de Tchèques sur place, surtout actifs dans les industries de construction et d’armement. Les consultants militaires tchécoslovaques y ont été invités. Même si les vingt-cinq ans écoulés semblent beaucoup, nombreux sont ceux qui vivent encore et pourraient aider à se faire une idée de la situation en Libye. »Deux diplomates doivent prendre la direction de territoires frontaliers de la Libye. Le premier est déjà parti ce dimanche. Selon l’expert en sécurité Andor Šándor, leur travail consiste à trouver des interlocuteurs locaux, tâche compliquée étant donné la désintégration du pays qui s’aggrave depuis la chute du régime Kadhafi en 2011 :
« Les diplomates doivent contacter les personnes qui connaissent les acteurs libyens et peuvent servir d’intermédiaire pour des rencontres avec les chefs tribaux ou des militaires influents. Tout dépend de l’information sur l’identité des kidnappeurs. Une fois connue, il y aura plus de chances d’organiser une rencontre et de négocier, si les personnes ont réellement été prises en otage. Il est tout à fait normal de ne pas disposer d’information quelques jours après l’attaque. Les agresseurs se chargent d’abord de leur propre sécurité et cherchent à s’établir dans des lieux sécurisés. »Pour Karel Randák, l’établissement du premier contact peut prendre plusieurs semaines. S’il estime que les liens entre les services de renseignements tchèques et libyens sont quasi inexistants, le chef de la diplomatie a assuré que les services secrets tchèques ont des très bons contacts dans la région. L’Etat pourrait également solliciter les gouvernements des pays ayant participé à l’opération militaire multinationale en Libye qui a eu lieu en 2011. C’est le cas notamment de la France. Karel Randák poursuit:
« A l’heure actuelle, ce sont les services de renseignement français et allemands qui disposent des meilleurs contacts et s’orientent le mieux dans la situation dans le pays. L’Autriche est relativement mieux placée pour tirer un bénéfice de ce savoir que la République tchèque. »Pour cette raison, la République tchèque entend coopérer de manière étroite avec son voisin. Un représentant tchèque fait ainsi partie de l’équipe de gestion de crise autrichienne.
Selon les estimations du ministère des Affaires étrangères, le nombre de Tchèques en Libye ne dépasse pas la dizaine. Depuis 1996, plusieurs Tchèques ont déjà été victimes d’enlèvement à l’étranger, il s’agissait notamment d’un chargé d’affaires, d’employés d’ONG, de journalistes correspondants, et plus récemment, de touristes tchèques.