La fin des machines à sous dans les bars ?

Photo: Filip Jandourek

Le ministère des Finances a préparé un projet de loi interdisant les machines à sous classiques. Selon le texte, seules les machines électroniques enregistrées auprès du ministère pourraient subsister. Elles devraient être davantage taxées et proscrites des bars, des restaurants ou des stations-service. Les autres ministères peuvent encore apporter des modifications à ce projet législatif qui devrait être soumis à la Chambre des députés au mois d’octobre.

Photo: Filip Jandourek
L’adjoint au ministre des Finances en charge des jeux de hasard, Ondřej Závodský, a précisé à la télévision publique quels étaient les objectifs de l’amendement législatif à la loi sur la loterie :

« Nous avons deux objectifs. D’abord, nous voulons accroître la transparence de ce business car nous entendons au quotidien les gens dénoncer des tricheries faites sur les machines à sous classiques. Ensuite, nous voulons catégoriser et taxer les différentes formes de jeux et machines en fonction de leur impact social. Ainsi, les machines à sous et les billets de loteries ne devraient pas être taxés à la même hauteur. »

Le ministère des Finances souhaite autoriser uniquement les machines à sous électroniques pour avoir plus de contrôle sur leur fonctionnement. Etant donné le caractère pathologique des jeux de hasard, le ministère vise également à faire disparaître les machines à sous des lieux fréquentés au quotidien par les gens y compris par les joueurs dépendants. Selon les statistiques fournies par la télévision publique, près de 80 000 personnes souffrent d’addiction aux jeux de hasard et seulement 3% d’entre elles suivent un traitement. Ondřej Závodský :

Ondřej Závodský,  photo: ČT24
« Nous voulons éviter que les gens ordinaires soient en contact avec des jeux de hasard. Si quelqu’un va dans un casino ou une salle des jeux, il peut jouer à sa guise, mais il n’est pas acceptable que les personnes dépendantes soient entourées des machines à sous. »

Ondřej Závodský considère que la présence de machines à sous dans les bars et les restaurants tchèques est plutôt une anomalie car une interdiction existe déjà en Pologne, en Hongrie ou en France.

Néanmoins, Petr Vrzáň, président de l’Association des opérateurs des loteries, critique l’interdiction globale des machines à sous dans les bars et les auberges :

« Il s’agit d’une intrusion restrictive dans la liberté de l’entrepreneuriat. Les municipalités ont déjà la possibilité de bannir les machines à sous et elles se servent de cette prérogative. »

En effet, depuis 2013, l’année où la Cour constitutionnelle a conféré aux municipalités les compétences dans le domaine des jeux de hasard, les interdictions locales se multiplient. Fleurissent également les référendums demandant leur interdiction absolue. Le sujet préoccupe une partie de la population, ce qui semble avoir poussé les législateurs à agir. En juillet, les députés ont voté en première lecture une proposition de loi visant à limiter la somme maximale à dépenser en une heure de jeu à 2 000 couronnes (72 euros). Si la loi est adoptée, elle plafonnera également les gains à 750 couronnes (27 euros) par heure.

Photo: Filip Jandourek
En 2013, les Tchèques ont dépensé près de 124 milliards de couronnes (4,5 milliard d’euros) dans les différentes formes de loterie. Vouées à disparaître selon le nouveau projet du ministère de l’Intérieur, les machines à sous classiques ont avalé 25 milliards de couronnes (près d’un milliard euros).

La régulation des jeux de hasard est également un des thèmes de la campagne des élections municipales prévues pour cet automne. Si plusieurs candidats proclament leur intention d’interdire totalement les jeux de hasard dans leur commune, d’autres défendent la présence des machines à sous comme une source importante de revenus pour la municipalité.