La France va « progressivement » ouvrir son marché du travail aux Tchèques

Plusieurs pays d'Europe occidentale se sont récemment résolus à ouvrir leur marché du travail aux Tchèques et à tous les ressortissants des pays de l'Est entrés dans l'UE en 2004. Après l'Espagne, le Portugal et la Finlande, c'est le gouvernement français qui a annoncé ce lundi « une levée progressive et maîtrisée des restrictions à la libre-circulation ». Une annonce suivie de près à Prague, où les médias la considèrent comme une bonne nouvelle, même si la France n'opte pas pour une ouverture totale.

Pour parler de cette décision, Radio Prague s'est adressé à Frédéric Turlan, fondateur d'eeuropnews.com, une agence de veille sociale européenne:

« Ce n'est pas complètement une surprise, on sentait qu'il y avait une volonté d'assouplissement de la position française et pas une simple reconduction des mesures transitoires. Par contre ce qui surprend c'est peut-être la demi-mesure qui est prise, puisque pour l'instant aucun autre pays européen n'a opté pour une solution mixte : soit les marchés du travail sont ouverts, comme en Grande-Bretagne ou en Suède et bientôt au Portugal par exemple, soit les marchés du travail continuent d'être fermés comme en Belgique ou en Autriche. La France ce distingue par cette demi-mesure...

Et par une position pas très claire en fait ; pourriez-vous nous expliquer la décision du gouvernement français ?

« L'idée est un peu de faire coller la position française par rapport à la libre-circulation des travaillleurs des pays de l'Est avec le projet gouvernemental de mettre en place une politique d'immigration choisie vis-à-vis des ressortissants des pays tiers. Donc on applique un système d'immigration choisie par secteurs d'activité ou par compétence - je crois qu'il y a le bâtiment, l'hôtellerie et la restauration et en fait tous les secteurs dans lesquels on constate une pénurie de main d'oeuvre - et apparemment le gouvernement a choisi d'appliquer ce même type de critères aux ressortissants des pays de l'Est. Ce qui est assez illogique du point de vue communautaire mais qui serait en cohérence par rapport à la politique française d'immigration. »

« Non, là on reste vraiment dans la crainte et le fantasme à l'image de l'histoire du plombier polonais. A la limite le dumping social existe déjà. Il suffit pour un ressortissant des pays de l'Est de se transformer en travailleur indépendant et d'exercer son activité en France. Je ne pense pas qu'il y ait un risque de dumping social plus important qu'actuellement. Il y a déjà des phénomènes de type dumping social en cours, avec des salariés de sous-traitants venant des pays de l'Est qui sont moins bien payés que les ressortissants français. Donc le risque existe déjà. Cette décision a juste le mérite de clarifier les choses et peut-être de faire sortir certains travailleurs des pays de l'Est de l'économie grise en permettant de les déclarer et de les faire rentrer dans un circuit normal du marché du travail. »