La littérature tchèque des années soixante au Centre Culturel Tchèque à Paris
Dans le cadre du festival de la culture tchèque des années soixante organisé au Centre Culturel Tchèque à Paris, on a présenté et présentera encore une série de soirées littéraires. Il s'agit de faire connaître ou rappeler au public parisien les grands noms de la littérature tchèque de ces années-là. Jean-Gaspard Palenicek, commissaire général du festival, a invité pour cette occasion comédiens, musiciens, professeurs universitaires et jeunes diplômés pour évoquer avec eux cet âge d'or, une période où un régime relativement libéral a permis à la littérature tchèque de s'épanouir. Evidemment, avant d'organiser ces soirées, il fallait choisir dans le foisonnement littéraire de cette période les personnalités et les oeuvres les plus significatives, ce qui a posé quelques problèmes. Jean-Gaspard Palenicek en a parlé au micro de Radio Prague.
"Oui, c'est toujours un peu difficile, on aimerait parler du nombre le plus important possible d'auteurs. Le critère était tout d'abord informatif, il s'agissait d'informer les gens, il y avait donc plusieurs soirées plutôt didactiques. Il s'agissait également de faire une espèce de passage en revue de l'ensemble de la création en passant très brièvement par les écrivains officiels du régime, puis par les écrivains communistes réformateurs, tels que Ludvik Vaculik, Milan Kundera, Pavel Kohout etc., et puis aussi, ce qui était peut-être le plus intéressant pour moi, en passant par les auteurs disons alternatifs. C'est-à-dire soit les auteurs qui feignaient d'ignorer la situation politique, tels que ceux qui se sont réunis autour de la revue Tvar, Zbynek Hejda, par exemple, soit ceux qui sont, même pendant les années soixante, tabous et passés sous silence - les surréalistes, les catholiques etc."
Quelle place a été réservée à la poésie?
"Une très grande place. Je pense qu'au moins la moitié des soirées a été consacrée à des poètes."
Quels sont les auteurs et les oeuvres qui vous sont les plus proches?
"Je ne vous cacherai pas que mon auteur favori est probablement Zbynek Hejda, mais l'éventail est assez large. C'est toujours très subjectif. Mais à partir du moment où je sens chez l'auteur quelques chose de vrai, je suis susceptible d'être fasciné et de prendre un vrai plaisir à le présenter au public."
Quels moyens avez-vous utilisés pour présenter ces écrivains, pour les rapprocher au public parisien?
"J'ai été formé par un théâtre de Prague qui s'appelle Orfeus et qui était dirigé par un grand vétéran du théâtre alternatif tchèque, Radim Vasinka, qui laisse une grande part au théâtre de la poésie, genre qui est le pur produit des années soixante. Il s'agit donc soit de mettre carrément en scène de la poésie ou au moins de la lire non seulement comme une reproduction phonique, donc comme une personne qui sait lire et qui le lit en public, ce qui n'a pas beaucoup d'intérêt, parce qu'une telle lecture doit être une appropriation personnelle du texte. Il s'agit de le vivre et l'interpréter selon sa propre vision, pas d'inventer les choses qui ne sont pas dans le texte. Bref de le revivre en public."
(La version intégrale de cet entretien sera diffusée samedi dans le cadre de la rubrique Rencontres littéraires de Radio Prague.)