La loi sur la résistance contre le communisme ne fait pas l’unanimité
La signature par le président Vaclav Klaus de la loi sur la résistance contre le communisme a relancé, une fois de plus, le débat sur ce phénomène qui divise la scène politique et la société tchèque. Les opinions divergent sur l’utilité d’une telle loi et on se demande aussi si les activités des opposants contre le communisme méritent d’être qualifiées de résistance.
Le président Václav Klaus lui-même n’est pas convaincu du bien-fondé de la loi qu’il vient de signer. Dans une lettre adressée à la présidente de la Chambre des députés, il met en doute les convictions des auteurs de cette tentative de résoudre les problèmes du passé. Il ne pense pas que tous ceux qui ont vraiment lutté contre le communisme profiteront de cette loi pour demander la reconnaissance de leurs activités. Il craint, en revanche, que ceux qui n’ont pratiquement rien fait contre le régime arbitraire, abusent de la nouvelle loi. Cette opinion est partagée entre autres par la présidente de la Confédération des prisonniers politiques Naděžda Kavalírová:
« C’est une tragédie. Ce sera la même situation que lors de la reconnaissance de la résistance contre le nazisme. La République sera pleine de résistants contre le communisme. Nous ne demandons qu’une reconnaissance morale. Rien de plus, rien de moins. »La troisième résistance est mise en cause entre autres par l’historien Petr Zídek qui est convaincu que ce phénomène ne peut pas être comparé aux mouvements qui l’ont précédé :
« La première et la deuxième résistances commencent par des déclarations sur leurs objectifs, sont progressivement organisées sur le plan militaire et reconnues dans les milieux diplomatiques. Par contre, la soi-disant troisième résistance n’est au fond qu’une activité chaotique de quelques groupes (…) Les activités de ces groupes ne correspondent pas à la définition de la résistance comme je la comprends.»
La nouvelle loi a cependant aussi beaucoup de défenseurs dont le directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires Daniel Herman. Il estime que l’adoption de la loi est une étape importante dans le processus compliqué qui permettra à la population tchèque d’assumer son histoire :« Je pense que c’était une manifestation très authentique du refus qui se traduisait par des activités de résistance. Le courage de ces personnes ayant osé faire front au régime communiste de diverses manières est admirable et mérite notre respect. Bien sûr il est maintenant aux historiens d’évaluer les diverses formes de ces activités. De toutes façons c’était la résistance sui generis. »
Les anciens résistants recevront une somme de 100 000 couronnes (4000 euros) et se verront attribuer le statut d’anciens combattants. On estime que près 50 000 personnes pourraient demander une telle récompense. La nouvelle loi entrera en vigueur le 17 novembre prochain, date du 22e anniversaire du début de la Révolution de velours qui a abouti à la chute du régime communiste.