« Résistance et opposition aux régimes communistes en Europe centrale »
Professeur émérite à l’université de Nancy, président de l’Amitié franco-tchéco-slovaque, le professeur Eugène Faucher est intervenu, jeudi, à Prague au colloque intitulé « Résistance et opposition aux régimes communistes en Europe centrale » organisé par l’Institut d’études des régimes totalitaires. Dans la partie consacrée aux actions ayant visé le renversement du régime communiste, Eugène Faucher a évoqué la destinée de Petr Křivka, exécuté à Brno en 1951. Radio Prague lui a demandé comment il en était venu à s’intéresser à cet homme relativement méconnu :
Sur le cas de Petr Křivka, Eugène Faucher démontre toute la difficulté du traitement des documents d’archives de la STB, des documents souvent déformés et falsifiés :
« La présidence de la République a décerné à Petr Křivka la médaille pour l’héroïsme qui récompense des faits de guerre. Or, le cas de Petr Křivka est tout à fait en dehors du cadre de cette loi. En lui donnant cette médaille, on a falsifié le sens de son engagement. Petr Křivka ne se sentait pas victime de la justice communiste, il savait à quoi il s’exposait, il savait que le groupe qu’il avait fondé mettait en danger sa vie et celle de ses amis et collaborateurs. Il convient donc d’attirer l’attention de l’opinion publique sur cette convergence des moyens mis en œuvre pour effacer finalement la trace de cette action remarquable où 181 personnes ont comparu devant le tribunal de Brno. »
Petr Křivka a été emprisonné à Brno et exécuté en 1951. Pendant la guerre, il faisait partie des gardes du corps du président de la République Edvard Beneš à Londres. En quoi consistait précisément l’action de résistance de Petr Křivka et de son groupe ?« C’est au centre d’études des régimes totalitaires de la définir, parce qu’on a dit plusieurs fois au cours de ce colloque qu’on ne peut pas se fonder sur les archives de la StB ou de la justice communiste. Ces archives mentent et il est très difficile de démêler le vrai du faux. Ce qu’il y a de certain, c’est que le groupe de Petr Křivka voulait mettre un terme à ce régime. Quant aux moyens utilisés, il y a le contact avec l’étranger, la recherche d’informations sensibles, la transmission de ces informations sensibles aux services de renseignement de l’étranger. Quant à la question des armes, d’après les archives de la StB, les armes du groupe Křivka lui avaient été fournies par la police politique tchécoslovaque, par les agents qu’elle avait infiltrés au sein du groupe, c’est bien possible, mais ce qui est certain, c’est qu’en acceptant ces armes dans l’ignorance, évidemment, de leur source, le groupe de Křivka montrait qu’il était prêt à passer à l’action violente, à l’action militaire. »