La lutte pour la Radio tchèque n'est pas oubliée
Il est devenu une tradition déjà de se rassembler, chaque 21 août, devant le bâtiment de la Radio tchèque, lieu de violents combats pour la liberté, après l'arrivée des chars soviétiques à Prague. Reportage de Magdalena Segertova.
Le directeur de la Radio tchèque, Vaclav Kasik, le maire de Prague, Jan Kasl, les représentants de l'armée tchèque, du Sénat et du deuxième arrondissement pragois, ont tous déposé des gerbes de fleurs, dans l'entrée de la Radio tchèque. Des journalistes, mais surtout des habitants de la capitale, qui gardent toujours de tristes souvenirs des événements d'août 68, étaient présents à la cérémonie. "Nous sommes venus nous incliner devant ceux qui ne se sont pas inclinés", a dit, à la fin de la cérémonie, Robert Tamchyna, journaliste de la Radio tchèque. Selon lui, la lutte pour la Radio a été aussi un grand moment du journalisme tchèque : "Pour les Pragois", a-t-il dit, "les journalistes de la Radio tchécoslovaque n'étaient pas des voix anonymes, mais des amis, ils connaissaient leurs noms, leurs visages. La quête commune de la liberté et de l'indépendance, pendant le Printemps de Prague, a rapproché les médias du public. Voilà pourquoi, les gens sont venus protéger la Radio sans sourciller. Pour eux, c'était un devoir".
Certains ont fait aussi une parallèle entre août 68 et mai 45, où les Pragois et les journalistes ont aussi fait tout pour que la Radio ne cesse d'émettre, d'autres ont parlé d'un travail difficile dans des studios improvisés. Le vice-président du Sénat tchèque, Premysl Sobotka, médecin de profession, se souvient : "J'étais jeune, je n'ai travaillé que trois semaines au service de chirurgie de l'hôpital de Liberec, au nord du pays. Je n'oublierai jamais ce moment, où, le 21 août, la radio s'est tue, après avoir joué l'hymne national. Et aussi, l'invasion soviétique m'a fait apprendre la chirurgie de guerre, car à Liberec, il y avait neuf morts et 45 blessés".Donnons maintenant la parole à Hilda Van Eyck, musicienne belge, présente, elle aussi, ce mardi, devant la Radio tchèque.
"Je suis ici pour la treizième fois... Je me souviens très bien du 21 août 68, j'étais à la Bibliothèque Royale de Bruxelles, pour préparer ma thèse de l'université. Dans la salle de lecture, il y avait un homme qui écoutait la radio. Soudain, il s'est mis à crier : Les chars russes sont arrivés à Prague !... Je n'ai pas pu continuer à travailler, je suis rentrée chez moi, c'était comme si j'étais malade. Quelque chose en moi est mort à ce moment-là... Je me demandais comment est-ce possible qu'un pays aussi fin, aussi merveilleux est de nouveau sous la botte des autres, des plus puissants."