Les hommes politiques tchèques commentent la situation en Libye
La position de l’Union européenne face aux révoltes actuelles en Libye a été, évidement, évoquée, lundi à Prague, par les chefs d’Etat tchèque et polonais. Ils ont formulé, tout deux, des objections vis-à-vis de Bruxelles, Bronislaw Komorowski parlant, d’un certain « déficit de préparation » de l’Union européenne. Il s’attend à ce que les événements en Libye influencent la présidence polonaise de l’Europe, au cours du deuxième semestre de 2011. Václav Klaus a ciblé, dans sa critique, l’Europe de l’Ouest :
« Ce n’est pas un hasard que les interventions les plus brutales des autorités, de l’Armée et de la police, aient eu lieu justement en Libye. On parle de dictatures en Tunisie et en Egypte, mais je crois que la réaction des autorités locales a bien démontré que la Libye représentait un autre type de dictature. Je ne sais pas quelle sera la réaction de l’Union européenne. J’ai assisté au sommet Union européenne-Afrique qui s’est tenu en novembre dernier à Tripoli, sous la présidence de monsieur Kadhafi. Je dois dire que les présidents et Premiers ministres des pays d’Europe centrale et orientale ont adopté, à son égard, une attitude réticente et vigilante. En revanche, l’attitude de certains chefs d’Etat et de gouvernement des pays d’Europe occidentale vis-à-vis de M. Kadhafi était visiblement très amicale. Alors je pense qu’actuellement, ils vont avoir des problèmes. » La presse tchèque de ce mardi commente le « malentendu » créé par les propos du ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg. Cité par le serveur EUobserver, le chef de la diplomatie tchèque aurait préféré que l’Europe ne se mêle pas activement de la situation, afin de ne pas la compliquer davantage. Il aurait même estimé que la chute de Mouammar Kadhafi pourrait entraîner d’autres catastrophes plus grandes dans le monde. Suite à ces déclarations, démenties, lundi, par Karel Schwarzenberg, le site EUobserver a constaté que « l’Italie et la République tchèque soutenaient le régime de Kadhafi en dépit des répressions sanglantes ». Une interprétation que le chef de la diplomatie tchèque a qualifiée de « sottise » : « Je n’ai pas dit que la chute de Kadhafi serait une catastrophe, bien au contraire, s’il est remplacé par un régime raisonnable, cela pourrait beaucoup apporter », a déclaré Karel Schwarzenberg. D’après Zbyněk Petráček du quotidien Lidové noviny, Karel Schwarzenberg « laisse entendre que l’UE ne devrait pas compter sur les rebelles, avant de savoir exactement qui les dirige ». Et le journaliste de remarquer que le chef de la diplomatie devrait dorénavant s’exprimer plus clairement, surtout sur des affaires aussi sensibles. Pour qu’aucun doute ne subsiste au sujet de la position tchèque, le Premier ministre Petr Nečas s’est dit, ce mardi, « bouleversé par la brutalité de la réaction du régime libyen aux manifestations ». « Les massacres perpétrés contre les civils sont une violation inouïe des droits de l’Homme. Ils n’ont pas de place dans le monde civilisé », a déclaré le Premier ministre tchèque.