La mafia en République tchèque
Une partie des structures du crime organisé en République tchèque quitte son milieu criminel traditionnel pour s'établir dans des structures commerciales légales. Ainsi, il est pratiquement impossible de mettre les boss de la mafia sous les verrous. Astrid Hofmanova.
Le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, avoue que notre pays a sousestimé le crime organisé dans la première moitié des années quatre-vingt-dix. Depuis, plusieurs gangs de la mafia se sont installés en Tchéquie. Des mafias yougoslave, italienne, asiatique (vietnamienne et chinoise), arabe, bulgare, roumaine et, surtout, la mafia russe - la plus active, la plus nombreuse mais aussi la plus dangereuse mafia sur le territoire tchèque. Ses activités criminelles ne cessent d'augmenter ces quatres dernières années. Différents groupes de la mafia russe s'appellent les brigades et respectent une stricte hiérarchie. Actuellement, il y en a une dizaine. Leur « emploi de travail » est très varié: racketeering d'hommes d'affaires, trafic d'armes et de drogues, migration clandestine ou engagement de tueurs à gages. L'année dernière, une unité de police spéciale a enregistré quarante-cinq cas de racketeering. Cette activité criminelle des plus fréquentes de la mafia russe, elle aussi, s'élargit. Tandis qu'au début, le racketeering concernait notamment les hommes d'affaires russes ou d'autres pays de l'ex-Union soviétique, aujourd'hui, il peut concerner toute personne. La mafia russe a sur son compte également la criminalité financière ; souvent, les boss de la mafia arrivent au pays avec le capital issu d'activités criminnelles organisées à l'étranger. Ils utilisent cet argent pour créer des entreprises légales ou pour investir dans des biens immeubles. « C'est là justement où la police devient impuissante », avoue un détective de police. Le Ministère de l'Intérieur met en garde aussi contre l'effort de la mafia russe de gagner le pouvoir. Elle s'efforce en effet de pénétrer dans des structures économiques, d'avoir l'influence dans des secteurs économiques stratégiques, de corrompre l'administration d'Etat et d'introduire ses membres ou collaborateurs dans des organes d'Etat ou dans des partis politiques.