La magie du jazz de l’entre-deux-guerres
L’entre-deux-guerres a été marqué par un vaste élan de vitalité et un renouvellement notamment soutenus notamment par le jazz. Ce genre musical arrivé en provenance du nouveau continent, avec ses notes remplies d´une énergie détendue et d´une fraicheur inédite, est apparu en Europe au début des années 1920. Cette période d´insouciance, de réjouissance et de redécouverte musicale a vu naître de nombreux musiciens qui se sont inscrits dans l´esprit du peuple tchécoslovaque. C’est donc un peu de nostalgie et de mélancolie à la fois que nous vous proposons en compagnie des plus grands musiciens et des orchestres qui ont marqué les années 1920 et 1930 en Tchécoslovaquie.
Une catharsis musicale à travers le jazz
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le jazz importé des Etats-Unis se fait toujours d’avantage entendre dans les grandes métropoles européennes, à commencer par Paris, Londres ou Berlin. En Tchécoslovaquie aussi, nouvel Etat fondé en 1918 sur les cendres de l´Empire austro-hongrois, le jazz, le swing, le blues trouvent leur place sur une scène musicale en pleine effervescence. A l´époque Prague est une capitale qui bout culturellement, et qui s’apprête à devenir un des importants carrefours intellectuels de l´Europe de l´époque.Le jazz traduit ces moments de réjouissance d’après-guerre, dont les musiciens tchécoslovaques s’emparent pour composer. Un des artistes phares de l´époque est le chanteur et compositeur Rudolf Antonín Dvorský, plus connu sous le nom de R.A. Dvorský. Si certains noms de musiciens de l´époque sont tombés dans l’oubli, celui de R.A. Dvorský reste lui gravé dans toutes les mémoires. Ce chanteur charismatique s´est maintenu au sommet de la production musicale, en se produisant aux côtés de la majorité des orchestres de l´époque, - pratiquement tous-, et plus particulièrement avec la formation musicale « R. A. Dvorský et ses Melody Boys ».
Pléthore d’orchestres de jazz entre 1925 et 1938
Le jazz et le swing sont avant tout liés à la danse, car c´c’est bien là le but : celui de faire danser. Grand nom de la musique de l’entre-deux-guerres, František Antonín Tichý, est lié à la composition de plusieurs chansons populaires qui font danser le public. Autre chanteur phare de l´époque : Jára Pospíšil, dont le tube « Pojd´ jen blíž, uvidíš » - « Rapproche-toi, tu verras », interprété avec R.A.Dvorský et ses Melody Boys, exprime quelques doubles sens. Malheureusement Pospíšil est interdit de représentations en 1943, en raison de ses origines juives…
Autre orchestre acclamé de l´époque : l´Orchestre d´Emil František Burian. En 1928, ce compositeur et chanteur, visionnaire d´un art libre et nouveau publie un important ouvrage sur le jazz. Burian se produit avec son propre groupe au cabaret « L´As rouge » (« Červené Eso ») tout au long des années 1930. E.F. Burian se fait connaître du public grâce à ses textes joueurs et farfelus, qui accompagnent ses propres chansons, comme « Kaktus » - « Le cactus poilu » ou « Má panna je v Panama sama » - « Ma demoiselle est seule au Panama ».
« J+V+W », le trio phare de l’époque
Le trio mythique, composé de Jaroslav Ježek et de ses deux amis Jiří Voskovec et Jan Werich commence son aventure au sein du « Théâtre libéré » (« Osvobozené divadlo »). Précurseur dans l´usage d´une satire omniprésente dans ses représentations qui mêlent musique et théâtre, le brillant trio a laissé une place indélébile dans l´avant¬-garde tchèque. Le compositeur Jaroslav Ježek semble toujours avoir un pas d´avance sur son époque, en suivant insatiablement l´évolution occidentale du jazz.
Toutefois, la carrière prometteuse des trois artistes est stoppée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Les trois amis s´exilent alors aux Etats-Unis, et même si Jan Werich revient en Tchécoslovaquie après la guerre, les possibilités de création musicale deviennent restreintes avec le nouveau régime, qui se met en place. L´excellent pianiste, Jaroslav Ježek décède à New York le 1er janvier 1942, mais sa musique et celle de l´orchestre de swing de Harry Harden, préparent le terrain pour les orchestres de jazz de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels notamment l´Orchestre de Karel Vlach.