La mise en service de la centrale nucléaire de Temelin approche
Il semble que plus rien ne pourra arrêter la mise en service de la très controversée centrale nucléaire de Temelin, en Bohême du sud. Les signes de protestation ne tarissent pas pour autant. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
Cela fait déjà 14 ans que la centrale nucléaire de Temelin, située non loin de la frontière tchéco-autrichienne, est en chantier. Le projet a été, et reste toujours très controversé. Les adversaires, tchèques ou étrangers, avancent surtout les questions de la sécurité et de l'inutilité de la centrale. Le propriétaire, la compagnie de distribution d'électricité, CEZ, affirme que les normes de sécurité répondent aux standards européens et que les gisements de charbon tchèques ne sont pas inépuisables. La construction de Temelin a traîné, car elle devrait déjà produire de l'électricité si le calendrier avait été respecté. En dépit des protestations des mouvements écologistes - Greenpeace, L'arc-en-ciel, Les mères de Bohême du sud - ou des milieux officiels autrichiens surtout, la compagnie CEZ a reçu l'aval de l'Office national tchèque pour la sécurité nucléaire.
Le réacteur du premier bloc de la centrale peut commencer à être approvisionné en combustible. Pourquoi les écolos et les Autrichiens protestent-ils aussi résolument contre Temelin ? Selon eux, la centrale a été projetée d'après les plans soviétiques en 1989 qui ne garantissent pas une pleine sécurité. La compagnie CEZ affirme que le réacteur russe est équipé de la technologie de sécurité occidentale la plus moderne. Pourtant, il n'existe aucune expérience dans la combinaison de la technologie russe et américaine, jusqu'à maintenant, du moins dans ce domaine. CEZ vient de faire un pas qui devrait, selon ses dires, garantir que le premier bloc de Temelin sera mis en service en mai 2001. D'ici là un grand nombre de tests doit encore être effectué. Le ministre tchèque de l'Environnement, Milos Kuzvart, et son collègue aux Affaires étrangères, Jan Kavan, se sont pourtant déclarés préoccupés par le fait que la CEZ ait choisi pour le début de l'approvisionnement du réacteur, un jour férié, le 5 juillet. En plus de cela, la société n'en a pas informé, à l'avance, la Commission européenne.
Le chef de la diplomatie tchèque s'est entretenu à ce sujet avec son homologue autrichien, Mme Ferrer-Waldner. Le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, affirme à l'adresse des critiques autrichiens, que Temelin est une « affaire exclusivement tchèque ». Les écolos n'en démordent pas et ont organisé un camp d'été dans les environs de la centrale. A part les plaintes les plus diverses, ils comptent surtout sur un référendum, une consultation populaire promise par les sociaux-démocrates et le Premier ministre, Milos Zeman. Une pétition demandant le référendum a déjà été signée par 100 000 citoyens tchèques. La loi sur le référendum concernant seulement la centrale nucléaire de Temelin est prête. Elle sera l'objet de la discussion à la Chambre des députés la semaine prochaine. Une affaire qui fait beaucoup de bruit, aussi bien en Tchéquie qu'à l'étranger. La mise en service complet de la centrale de Temelin représente une production de 2000 MW - 20 % de la consommation en électricité de la République tchèque.