La Moldau se lassera t-elle un jour du pont Charles?
En Europe centrale, et plus particulièrement en République tchèque, personne n'a oublié les terribles inondations qui avaient ravagé la région à l'été 1997. A l'époque, Prague avait été épargnée... Guillaume Narguet.
Depuis, les eaux des fleuves et rivières de Bohême, Moravie et Silésie sont retournées dans leur lit, se remettant à couler sous les beaux ponts qui sillonnent leur cours. Mais de temps à autre, comme en ce moment avec la fonte des neiges, l'horizon se rassombrit, et la presse tchèque laisse alors planer, au-dessus de la capitale, de noirs nuages porteurs de perspectives bien pessimistes. De quoi s'agit-il exactement? Bien qu'un peu plus d'un siècle s'est déjà écoulé (!) depuis les dernières inondations, les spécialistes, tant météorologiques que pour la protection de la ville, mettent en garde: certes, le calme règne sur Prague depuis 1890 mais, dans un avenir plus ou moins proche, de nouvelles inondations ne sont pas à exclure, qui pourraient noyer certains quartiers et monuments symboles de la ville. Déjà, en 1890, l'eau avait recouvert la place de la Vieille Ville, la partie basse du Théâtre national et endommagé le pont Charles. Les aquiculteurs en sont même convaincus, un danger identique guette Prague dans les années ou décennies à venir. C'est pourquoi ils voudraient que la mise en route de travaux de protection contre les inondations s'accélère sensiblement. Sur les quais, il serait nécessaire de construire des digues empêchant le débordement des eaux de la Moldau, rivière qui traverse la cité. Des quartiers historiques de Prague, sont les plus menacés la Vieille Ville et Josefov, mais aussi Mala Strana et son île Kampa. Or, jusqu'à présent, seule la Vieille Ville s'est vue équipée d'un système de protection. Quant à Mala Strana, le projet a été, pendant plus d'un an, laissé en suspension du fait de négociations quelque peu compliquées avec les défenseurs des monuments historiques qui, tout en étant conscients du problème, se sont, pour l'instant, surtout efforcés de préserver le charme si particulier de Kampa.
Mais voilà qu'il y a peu, un compromis a été trouvé entre les différentes parties, donnant naissance à un projet qui ne devrait, toutefois, s'achever au plus tôt qu'en 2006. Malgré cela, la situation est encore loin d'être idéale, puisque certains monuments à Kampa resteront sans protection. Les caisses de la ville, comme celles de l'Etat, sonnent en effet le creux.
Et puis, pour bien se rendre compte de l'étendue des dégâts qu'entraînerait une crue trop importante, une vision noire pour conclure: les arches du pont Charles, symbole s'il en est de Prague, sont si petites qu'une montée des eaux subite les boucherait d'alluvions, et le pont se verrait alors tout bonnement emporté par le courant!
Espérons donc que les inondations séculaires attendront au moins 100 ans de plus...