La monarchie austro-hongroise 1848-1918
Comment vivait-on sous le règne de l’empereur François Joseph Ier? L’exposition « Monarchie » inaugurée le 13 décembre au Musée national de Prague présente la vie à la cour impériale de Vienne, la vie de la noblesse, des bourgeois, mais aussi la vie de tous les jours des habitants de la monarchie austro-hongroise entre les années 1848-1918, donc jusqu’à l’éclatement de celle-ci et la création de la République tchécoslovaque indépendante.
« Notre intention n’était pas de glorifier avec nostalgie les temps révolus. Après le succès de l’exposition ‘République’ nous avons décidé de remonter plusieurs années en arrière et de prêter cette fois notre attention aux événements ayant précédé la création de la république, donc notamment à la deuxième moitié du XIXe et au début du XXe siècle. »
Quelle période précise, sur les près de 400 ans d’existence de la monarchie, est-elle présentée à l’exposition ? C’est son commissaire, Petr Landr, qui nous le dira :
« L’exposition ne couvre pas toute cette longue période de l’existence de la monarchie, uniquement celle entre les années 1848-1918 qui sont des années du règne de François Joseph Ier. Néanmoins, on y mentionne aussi le règne de son successeur, Charles Ier, et de son prédécesseur, Ferdinand Ier. Les différentes parties de l’exposition sont consacrées à l’empereur, sa famille, à l’histoire de l’Autriche-Hongrie, et aux échos de la monarchie dans la vie de tous les jours. »
Sur des panneaux présentant la personne de l’empereur et sa famille, on peut lire que François Joseph, né le 18 août 1830 et mort le 21 novembre 1916 à Vienne, est à sa naissance troisième seulement dans l’ordre de succession. Or Ferdinand Ier se montre trop compromis avec les révolutionnaires, suite aux émeutes de 1848 à Vienne, et c’est ainsi que le temps de l’avènement est venu pour François Joseph. La passation de pouvoir entre lui et son oncle a lieu officiellement le 2 décembre 1848 dans la grande salle du palais archiépiscopal d’Olomouc.En 1854, François Joseph Ier épouse Elizabeth, dite Sissi. Treize ans plus tard, tous deux sont couronnés roi et reine de Hongrie. Pour la monarchie, cet acte signifie que l’empire unitaire est remplacé par un système dualiste. La vie privée de l’empereur est marquée par deux drames : sa première fille, Sophie, meurt en bas âge. Son fils Rodolphe, dépressif et gravement malade, s’éloigne de plus en plus de son père qui ne parvient pas à saisir sa détresse qui mène au drame de Mayerling, le 30 janvier 1889. Le 10 septembre 1898, l’impératrice Sissi est assassinée par un anarchiste italien.
Après la mort de Rodolphe, l’archiduc François Ferdinand apparaît comme le successeur désigné de son oncle. Arrivé en juin 1914 à Sarajevo pour y assister à des manœuvres militaires, lui et son épouse sont victimes d’un attentat. Le gouvernement austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie. Gravement malade, l’empereur François Joseph remplit ses obligations officielles à Vienne jusqu’à sa mort, le 21 novembre 1916, à l’âge de 86 ans, après un règne de 68 ans. Petr Landr :
« Trois portraits aux dimensions monumentales de François Joseph présentés à l’exposition ‘Monarchie’ doivent documenter le vieillissement de l’empereur et de sa monarchie : le premier tableau de 1851 présente François Joseph à l’âge de 21 ans. Le deuxième a été créé dix ans plus tard. Sur le troisième portrait daté de 1892, l’empereur apparaît considérablement vieilli. »
Les près de 70 ans de règne de l’empereur François Joseph Ier sont une période de transformations sociales profondes. La modernisation touche l’ensemble de la société, dans les domaines les plus divers : l’industrie, l’agriculture, l’enseignement, la législation. Elle touche de près aussi le mode de vie de la noblesse, observe Petr Landr :
« Nous essayons de montrer la transformation de la noblesse féodale en une noblesse nouvelle, celle notamment de barons du textile et de représentants issus des milieux autres que la noblesse d’origine qui était liée à la possession de terres. »
Pour le toute première fois, on expose des objets ayant appartenus à l’empereur François Joseph et son épouse, l’impératrice Elisabeth. Pour le directeur du Musée national Michal Lukeš, la plus précieuse est la robe en velours de couleur bleue foncée de l’impératrice Sissi :« C’est une robe de soirée qu’elle portait avant le suicide de son fils, le prince héritier Rodolphe, car après, elle ne s’est plus habillée qu’en noir. Créée vers 1860 et acquise plus tard par une dame d’honneur, la robe a été empruntée au musée d’art ancien de Vienne qui la possède depuis 1964. Cette robe est l’une des rares au monde qui ait été conservée. Parmi d’autres objets de grande valeur, on peut admirer l’uniforme de général de l’empereur François Joseph Ier, et le collier en diamants de Naděžda Kramářová, aristocrate russe et épouse du chef du premier gouvernement tchécoslovaque Karel Kramář. Il s’agit, pour autant que je sache, du bijou en diamant le plus cher de République tchèque. »
Parmi les autres objets uniques à voir à l’exposition « Monarchie », la canne du poète Jan Neruda, la caisse du Corps pour la construction du théâtre National, le premier annuaire téléphonique praguois de 1883 ou encore des objets liés à la Première Guerre mondiale, raconte Petr Landr :
« Nous exposons un mouchoir de François Ferdinand d’Este taché de sang que l’empereur avait sur lui au moment de l’attentat, ainsi que les distinctions qu’il portait lors de son voyage à Sarajevo. »Non seulement la vie à la cour impériale de Vienne, la vie de la noblesse et des bourgeois, mais aussi la vie à la campagne, dans les cuisines, les agences postales, les bureaux, la vie de tous les jours, dans tous ses aspects, y compris l’univers des enfants, des objets d’usage quotidien comme les timbres postes, le téléphone, des pièces de monnaie, tout cela est présenté à l’exposition « Monarchie » qui se tient dans le nouveau bâtiment du Musée national, ancien siège de Radio Europe Libre, jusqu’au 9 juin prochain.
Plus d’infos sur www.monarchie.nm.cz