La municipalité de Prague accusée de restauration bâclée du pont Charles

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Une fois de plus les feux de l’actualité sont braqués sur le pont Charles, le monument le plus renommé de la capitale tchèque. Les travaux de restauration du pont déjà réalisés suscitent depuis des mois les critiques des spécialistes qui visent notamment la municipalité de Prague. Cette semaine la ville s’est vue infliger une amende de 3,25 millions de couronnes, quelque 125 000 euros, pour la restauration bâclée de ce monument cher à tous les Tchèques.

L’année dernière déjà la municipalité de Prague avait pris une décision qui pouvait sembler absurde. Elle s’était accusée elle-même d’avoir négligé la documentation nécessaire pour la restauration du pont et s’était punie d’une amende de 54 000 couronnes, quelque 2000 euros. Ce n’était cependant qu’une vaine tentative de faire taire les critiques. La décision qui est tombée au début de cette semaine laisse entendre que l’ampleur des fautes commises par les restaurateurs du pont est beaucoup plus large. C’est le Bureau régional de Plzeň qui a été chargé par le ministère de la Culture d’examiner la qualité des travaux. Selon Petr Jirásek, chef de la section culturelle du Bureau régional de Plzeň, le résultat de l’examen est alarmant :

Photo: Štěpánka Budková
« Nous considérons que les fautes les plus graves sont par exemple la réalisation des travaux sans respecter les techniques traditionnelles de la taille de pierre, l’endommagement des blocs de pierre et leur remplacement par des blocs nouveaux, l’utilisation d’un mortier inadéquat pour le jointement des blocs et de matériaux modernes non éprouvés. »

La municipalité de Prague va faire appel de cette décision. Il s’avère en même temps qu’en février dernier, la police a déjà ouvert une procédure contre Jan Kněžínek, directeur de la section des monuments historiques de la municipalité de Prague :

« Nous sommes remplis d’amertume parce que Prague et les Praguois donnent des millions dans le sauvetage du pont Charles ... » dit Jan Kněžínek qui est soupçonné d’avoir fait obstacle, par négligence, aux travaux d’agent public et risque une peine allant jusqu’à trois ans de prison. Le maire de Prague Pavel Bém, lui, n’hésite pas à qualifier cette affaire de propagande politique du Parti social démocrate qui contrôle le Bureau régional de Plzeň.

Toujours est-il que l’affaire qui passe maintenant à nouveau dans les mains du ministère de la Culture, compromet la municipalité de la capitale et ne rassure pas ceux à qui le sort du pont Charles tient à cœur. Ils se mobilisent pour protéger le monument contre de nouvelles interventions inappropriées. Petr Jirásek propose des mesures pour éviter le pire :

«Les dégâts peuvent être divisés dans deux catégories, ceux qui sont encore réparables et ceux qui sont irréparables. Bien que cela ne relève pas de nos compétences, nous serions bien contents si les organes compétents ordonnaient à la municipalité de réparer les dégâts qui sont encore réparables.»

L`étape actuelle des travaux, la restauration de la chaussée et des parapets, devrait finir cet été. Les travaux de réparation des voûtes et du revêtement des arcs du pont prévus dans le cadre de la prochaine étape, ne commenceront qu’en 2013.