La ville de Prague s’inflige une amende pour les dégâts causés par lestravaux sur le pont Charles

Charles Bridge

La pont Charles, monument le plus emblématique de la capitale tchèque, est en travaux depuis août 2007. Ces derniers ont déjà fait l’objet de nombreuses polémiques, notamment entre différents départements du ministère de la Culture et de la municipalité. Pourtant, c’est la ville de Prague elle-même qui a décidé de s’infliger une amende pour les dégâts causés pendant la restauration.

Photo: Štěpánka Budková
54 000 CZK, c’est le montant de l’amende que le département en charge de la culture et de la protection des monuments historiques va demander à un autre service de la municipalité de Prague, celui de la gestion du patrimoine. Cette sanction peut sembler inutile, puisqu’il s’agit d’une somme qui sera transférée d’une commission municipale à une autre et restera donc dans les mains de la ville. Le département amendé dispose de deux semaines pour faire appel. Mais c’est peut-être une façon pour la mairie de Prague de faire un mea-culpa sur la mauvaise gestion des travaux qui encombrent le pont Charles depuis plus de deux ans.

Déjà à l’automne dernier, des inspecteurs du ministère de la Culture avaient pointé du doigt la façon dont la restauration était effectuée, remettant particulièrement en cause l’installation trop systématique de nouveaux blocs de pierre sur le parapet, alors que certains auraient pu être réparés. A l’époque, la mairie avait défendu les restaurateurs et minimisé les dommages recensés sur le pont.

Et si elle reconnaît aujourd’hui ses torts, elle considère, par la voix du chef du département en charge de la culture et de la protection des monuments historiques, Jan Kněžínek, que les erreurs ont plutôt un caractère formel mais que le monument n’a pas été abimé. La mairie admet donc qu’elle n’a pas informé l’Académie des sciences de l’ouverture des recherches archéologiques et qu’elle n’a pas assez détaillé à l’avance la façon dont les blocs de pierre allaient être travaillés.

C’est peut-être un premier pas mais il n’est pas encore suffisant pour certains spécialistes. On écoute Richard Biegel, conseiller à l’Institut du patrimoine :

« Je ne peux parler qu’au nom de Richard Biegel mais pas au nom de l’institut parce que je ne suis qu’un membre de ce comité, mais on a constaté que les critiques qui ont poussé à la nomination de notre commission étaient en majorité fondées. La qualité des travaux est vraiment discutable. On était aussi étonné que le projet de rénovation n’était pas assez détaillé, ainsi que par la rapidité des travaux, qui est quelque chose qui ne donne pas beaucoup de possibilités pour faire ce travail, qui est vraiment très important parce que c’est le monument gothique le plus important de la ville, avec la cathédrale. Et ce qu’on voit ici, ce n’est même pas médiocre.

C’est la première phase de la rénovation, j’espère que la deuxième se passera mieux, sera réalisée avec un bon projet et sera surtout réalisée avec des recherches qui vont précéder la rénovation. D’ailleurs, ici, on fait la recherche pendant la rénovation, ce qui est une faute générale. Tout ça est causé par le comportement de la mairie qui, d’après moi, et d’une façon que je ne comprends pas, presse les travaux vers la fin, ne veut pas trop admettre les critiques, avec le choix d’une entreprise qui, d’après ce que l’on voit ici, n’est pas vraiment capable d’obtenir une qualité des travaux qui est nécessaire. La mairie doit maintenant changer l’approche de la reconstruction. »

La première phase des travaux sur le pont Charles devrait se terminer en juillet prochain. Viendra ensuite une deuxième étape qui concernera le revêtement extérieur des pierres, y compris de celles des voutes du pont ; elle pourrait durer entre cinq et dix ans.