La nostalgie s’appelle Václav Havel
A l’instar de la semaine précédente, nous revenons d’abord au 80ème anniversaire de la naissace de l’ex-président tchèque Václav Havel, qui n’a eu de cesse d’être évoqué dans l’ensemble de la presse locale. D’autres sujets au menu de cette nouvelle revue de presse : les paradoxes des campagnes électorales locales, le débat concernant le rapport des Tchèques à l’égard de la Russie, les réussites et les craintes des dirigeants d’entreprise tchèques, la recherche de la publicité la plus sexiste de l’année.
Le quotidien Lidové noviny a publié sur son site des souvenirs liés à Václav Havel de la plume de 80 personnalités de différentes sphères de la vie publique, dont celui rédigé par l’ex-secrétaire d’Etat américain, Madeleine Albright, qui a entre autre écrit :
« Artiste, philosophe et combattant pour la démocratie, Václav Havel était un homme unique. Et même s’il était à mes yeux un héros, ce que j’ai apprécié spécialement, c’était notre précieuse amitié. Nous nous sommes rencontrés lors de nombreuses négociations officielles à Prague et à Washington, mais dans mes souvenirs les plus vifs il est présent dans des milieux plutôt décontractés, dans un club de jazz ou dans un dîner où il pouvait discuter librement de tout ce qui l’intéressait. »
Et comme beaucoup d’autres, Madeleine Albright constate à quel point l’absence de Havel en Tchéquie, en Europe et dans le monde se fait aujourd’hui sentir... L’hebdomadaire Reflex remarque de son côté que cet anniversaire a permis aux uns de déferler à l’adresse de l’ex-président tchèque des louanges et des adorations, tandis que les autres ont saisi l’occasion pour manifester à son égard leurs positions négatives. Dans un article qui met en relief ces deux approches antagonistes, ces « deux habituels jeux nationaux stupides », on peut aussi lire :
« Restons terre-à-terre. Havel n’était ni un dieu ni un criminel, il était en revanche l’un des rares représentants politiques de notre histoire moderne à avoir réussi à se faire apprécier à l’échelle mondiale. Président d’un petit pays, plus ou moins insignifiant, il a su attirer l’intérêt des grands de ce monde. En dépit de toutes les réserves à son égard, en dépit de ses fautes et erreurs, Václav Havel demeure alors une des plus grandes figures politiques tchèques. Ceux qui le dénoncet semblent être tout simplement en proie à la jalousie, à l’incapacité de distinguer l’essentiel de l’accessoire. »
« Tout s’est passé comme il le fallait. » C’est par ces mots que le poète Jiří Kuběna pour lequel notre époque est « absolument apoétique » a réfuté dans un entretien pour le supplément Orientace les regrets nostalgiques qui ont ces jours-ci surgi en rapport avec l’absence dans l’espace publique de Václav Havel, son ami intime de longues années, en ajoutant :
« A mon sens, l’influence de Havel sur la scène serait aujourd’hui modeste. Il a merveilleusement joué son rôle d’organisateur et de précurseur des temps nouveaux. Et après avoir accompli son devoir, il est parti. »
Les paradoxes des campagnes électorales
Les différents défis des élections régionales qui ont lieu, ces vendredi et samedi, en République tchèque ont été largement traités dans la presse de cette semaine. La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a noté que la campagne électorale a été une nouvelle fois dominée par des questions qui ne sont pas, en fin de compte, dans la compétence des régions. Et de constater qu’il s’agit là d’un paradoxe qui accompagne régulièrement la vie politique locale. Ainsi, tout en relevant de la compétence gouvernementale, ce sont les questions relatives aux restitutions des biens aux Eglises et à la réforme des retraites qui ont figuré, il y a quatre ans, au cœur de l’intérêt des électeurs. L’hebdomadaire a aussi observé :« Aujourd’hui, le principal sujet des campagnes pour les élections régionales, c’était la crise migratoire. Ceci malgré le fait que les régions ne soient pas en mesure d’assurer ce que les slogans électoraux promettent, à savoir ‘un meilleur contrôle à la frontière’ ou ‘la protection contre la vague migratoire’. Des promesses qui ont été affichées dans leurs campagnes non seulement par des partis extrémistes, mais aussi par les partis établis, comme le Parti social-démocrate (ČSSD) ou le Parti civique démocrate (ODS). Mais, en scrutant les programmes de différents partis et les déclarations de leurs leaders, on voit que certaines questions au sujet desquelles les régions ont le principal mot à dire ne sont pas pour autant entièrement ignorées. »
Comme telles sont jugées notamment les questions de l’enseignement, car ce sont les régions elles-mêmes qui administrent les écoles secondaires et les centres d’apprentissage. Le tout au moment où l’avenir et les priorités de l’enseignement secondaire représentent un des grands défis de la société tchèque.
Le rapport à l’égard de la Russie anime le débat dans la société tchèque
Un texte publié dans l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes s’interroge sur le rapport des Tchèques à l’égard de la Russie. Il a écrit à ce sujet :« Il y a quelques années encore, on n’aurait pas pu croire que l’une des lignes de front qui marquent le débat mené dans la société tchèque allait s’appeler ‘ le rapport à l’égard de la Russie’. Tel est pourtant le cas. Pendant deux décennies, la Russie n’avait guère d’intérêt pour les Tchèques. Malgré une riche histoire mutuelle, ce pays est tombé en quelque sorte à l’oubli en Tchéquie. Aujourd’hui pourtant, la Russie réapparaît sur la scène et les Tchèques s’interrogent sur la position à prendre à son égard. Et ils le font, comme toujours, en se disputant ardemment. »
L’article constate que l’on voit apparaître en Tchéquie, soudainement, une quantité impressionnante de roussophiles presque fanatiques, le camp opposé, souvent non moins fanatique, insistant sur le danger en rapport avec la prétendue présence dans le pays d’agents russes. Tout en admettant cette dernière éventualité, l’éditorialiste estime cependant que leurs influence est beaucoup plus faible que l’on ne le croit. S’agissant du « rapport spécifique » d’une importante partie des Tchèques à l’égard de la Russie, il l’explique par des motivations psychologiques soulignant que des générations entières, surtout celles qui sont aujourd’hui au sommet de leurs capacités et de leur influence, ont grandi sous une solide indoctrination prosoviétique qui aurait laissé des traces.
Les succès et les craintes des exportateurs tchèques
Le marché du travail tchèque n’arrive pas à suivre le pas de la croissance économique. C’est ce que révèle un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui se réfère aux constats faits par les représentants de l’Union de l’industre et des transports qui se sont récemment réunis à Brno, à l’occasion de la traditionnelle Foire internationale de la construction mécanique. Le principal problème est le manque de travailleurs qualifiés, le nombre de ceux dont l’industrie tchèque a besoin en ce moment étant évalué à près de 140 mille. Le texte a précisé :« L’importation d’une main d’œuvre de l’étranger, en premier lieu de l’Ukraine, qui est réclamée par les dirigeants d’entreprises déplaît aux syndicats qui prétendent que le pays dispose d’assez de travailleurs locaux, bien que le taux de chômage, autour de 5,3%, soit plus bas que jamais... L’industrie locale affronte ce problème au moment où l’économie n’a de cesse de croître rapidement. L’intervention monétaire de la Banque nationale en faveur de l’affaiblissement de la couronne tchèque qui dure depuis trois ans déjà contribue considérablement à cette évolutiont favorable, profitant aux exportations de produits tchèques. »
La fin des interventions qui est envisagée par le gouverneur de la Banque nationale, Jiří Rusnok, et qui pourrait prendre effet au milieu de l’année prochaine, risque de changer cette condition. Comme le remarque le journal, les entreprises craignent dans ce contexte l’affaiblissement de leur capacité de concurrence sur les marchés étrangers. Et le journal de citer, aussi, le ministre de l’Industrie, Jan Mládek, qui appréhende à son tour les retombées négatives d’un renforcement brusque de la couronne, la réduction d’investissements, voire la hausse des licenciements.
Trouver la publicité la plus sexiste
Le site DenikReferendum informe de la huitième édition de l’enquête lancée par l’association appelée Les Insoumis, un mouvement social et écologieque, consistant à trouver la publicité tchéque la plus sexiste de l’année. C’est le public et un jury spécial qui sont désormais invités à choisir d’ici fin d’octobre parmi les 88 publicités inscrites dans la compétition celle considérée comme la plus révoltante. Le site a aussi noté :« Le nombre de publicités de cette année qui répondent aux critères de la compétition est légèrement inférieur comparé à celui de l’année écoulée. On peut alors estimer que cette tendance témoigne de l’amélioration de la situation dans le domaine de la sensibilité de la publicité tchèque en matière du genre. Tout comme lors des éditions précédentes, ce sont les publicités des petites entreprises qui prédominent, les grandes firmes, dont on ne citera que l’usine automobile KIA, étant également présentes sur la liste des candidats. »
Comme d’habitude, on voit même cette année nommées des publicités issues des partis politiques et des écoles supérieures, même si ces établissements sont aux dires des représentants des Insoumis appelés à reconnaître les standards éthiques les plus élevés. Le lauréat de cet anti-prix sera annoncé à la mi-novembre.