La partition de la Tchécoslovaquie vue par des Slovaques
Nous reviendrons encore sur le 10e anniversaire de la partition de la Tchécoslovaquie, mais cette fois-ci pour voir cet événement historique par les yeux des Slovaques. La Slovaquie a été le dernier pays visité par Vaclav Havel avant son départ. Sous Vaclav Havel, la Tchécoslovaquie a cessé d'exister, mais comme on le sait, Vaclav Havel n'était pas partisan de la partition. Lorsque la coexistence s'est avérée impossible, il se prononçait pour une scission constitutionnelle estimant qu'un référendum constitue la meilleure voie pour décider de l'avenir du pays. Il n'en était rien. Vaclav Havel a même démissionné, pour une certaine période, en juillet 1992.
Résumé: "A mon avis, la division de la Tchécoslovaquie a été un processus inévitable, en raison des griefs et des tolérances des Slovaques accumulés, remontant dans les années trente et dans la courte période d'après-guerre où Benes s'associa à Gottwald. Les Slovaques se sont considérés comme victimes. Beaucoup de ceux qui vivaient dans ces deux périodes se sont aisément identifiés avec la politique patriotarde de Vladimir Meciar. M. Meciar est parfois accusé d'être un seul facteur de la séparation.
Dans l'histoire des pays, il y a souvent des rencontres fatales. Dans le cas de la Tchécoslovaquie, une autre personne qui consumait la rencontre fatale, c'était Vaclav Klaus. Ils ont finalement ensemble constitué deux arbres, ce qui n'aurait pas été une tragédie, si les ceux politiciens n'y restaient pas chacun à rôle de guide.
Les citoyens se sont sentis frustrés, d'une part de n'avoir pu exprimer leur volonté par un référendum, d'autre part parce que les réformes économiques jusqu'ici préconisées par les deux protagonistes ont causé l'appauvrissement des Slovaques: 500 milliards de couronnes volées par différents fonds d'investissement de la République tchèque.
Ce qui est symptomatique pour les Slovaques, c'est qu'ils commencent à analyser leur situation à travers l'Etat slovaque de 1939 - 1944. Les âgés affirment, avec une dose de nostalgie bien ou mal fondée, que l'Etat slovaque a du moins donné à manger à la population. D'autres, plus tranchants, n'ont pas peur de comparer certaines décisions de l'Etat slovaque de 1939 à la République slovaque de 1993 et celle de nos jours. D'une part, ils accusent l'Etat slovaque d'expropriation violente des Juifs slovaques et de leur déportation, d'autre part, ils commencent à accuser la République slovaque de 1993 de privatisation sauvage, égoïste, et surtout au sein du parti Meciar. Ils arrivent même à accuser tous les gouvernements à partir de 1993 jusqu'ici, car ils n'ont pas arrêté la fuite des cerveaux, l'exode des jeunes gens et la corruption. L'apathie se généralise..."