La plupart des mères célibataires tchèques sont menacées de pauvreté

Photo illustrative: szymonpacek / Pixabay, CC0

Une étude réalisée par une ONG montre que près de la moitié des mères seules reçoivent leur pension alimentaire de manière très irrégulière et que près d’un tiers d’entre elles ont un revenu de moins de 10 000 couronnes par mois (390 euros). Une situation intenable pour la plupart d’entre elles qui a incité l’association à tirer la sonnette d’alarme.

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« Si je n’avais pas une amie pour m’aider, je ne sais pas comment je ferais. Elle nous donne souvent de la nourriture : de la farine, du pain par exemple. Ou alors ils se font un repas et s''il y a des restes, c’est nous qui les finissons. »

Jiřina a 38 ans. Elle vit dans un petit studio avec ses trois enfants âgés de 16, 14, et 4 ans, à Děčín, dans le nord de la Bohême. Elle a dû arrêter de travailler à la fin de l’année dernière en raison des maladies répétées de sa petite fille. Grâce aux différentes allocations, elle reçoit 17 700 couronnes par mois (680 euros), mais l’ensemble de ses dépenses mensuelles s’élèvent à 13 500 couronnes (520 euros). Il ne lui reste donc pour se nourrir que 4 200 couronnes (160 euros) à peine, et c’est bien entendu sans compter tous les imprévus ou les extras qui surviennent au cours de l’année, comme les excursions scolaires ou les maladies.

La situation de Jiřina n’est malheureusement pas un phénomène isolé en République tchèque. C’est ce qu’a voulu montrer une étude réalisée par le Club des mères célibataires, une ONG qui vient en aide à cette frange de la population qui, avec les seniors, fait partie des personnes les plus susceptibles d’être touchée par la pauvreté. Cette association a été fondée par Dana Pavlousková qui a elle-même élevé seule ses trois enfants :

Club des mères célibataires
« Le principe de base du Club des mères célibataires, c’est que ce sont des mères seules qui aident d’autres mères seules. C’est une association basée sur le principe de la solidarité. Il nous arrive souvent qu’une mère nous écrive en disant qu’elle n’a que 200 couronnes (8 euros) en poche pour les quinze jours à venir. La plupart des gens ne se rendent même pas compte de ce que cela veut dire. C’est justement ces mères que nous nous efforçons d’aider. »

L’étude réalisée par l’ONG montre que 48 % des mères célibataires ont un enfant, 35 % deux enfants et 13 % même trois enfants. La grande majorité de ces femmes (60 %) reçoit de l’aide de son entourage afin de pouvoir joindre les deux bouts.

Quant à la pension alimentaire qu’elles sont censées recevoir du père de leurs enfants, plus de la moitié de ces mères seules disent la recevoir tandis que 31% admettent ne jamais en avoir vu la couleur. Mais comme le souligne Dana Pavlousková, recevoir sa pension alimentaire ne signifie pas forcément qu’elles sont sorties de l’auberge puisque cette pension s’élève en moyenne à 2000 couronnes (77 euros) à peine.

Cette situation conduit la plupart des mères seules à une hygiène alimentaire médiocre, essentiellement pour elles, mais parfois aussi pour leurs enfants. Dana Pavlousková :

Dana Pavlousková,  photo: LinkedIn de Dana Pavousková
« Seule une femme sur quatre parvient à intégrer les fruits et légumes dans son menu quotidien. En ce qui concerne les enfants, vous devez leur payer des activités périscolaires, des sorties scolaires, des classes vertes : en République tchèque, seul un quart de ces mères peut se permettre de faire ces dépenses. »

La plupart de ces mères célibataires disent s’être retrouvées seules, avec des enfants à leur charge, après s’être séparées de leur partenaire en raison de visions irréconciliables, d’une infidélité, mais aussi d’une consommation excessive d’alcool ou de drogues par celui-ci, de violences conjugales ou de petite criminalité.

Leur situation s’apparente souvent à une double peine : défavorisées financièrement, elles doivent aussi souvent faire face à la honte ressentie en endossant le rôle de la personne qui demande de l’aide. C’est à ce genre de choses que le Club des mères célibataires cherche à remédier en tablant sur une solidarité mutuelle : plus de 3 500 femmes se sont d’ailleurs inscrites en six mois d’existence du groupe Facebook de l’association.