La police tchèque ne réagit pas devant un rassemblement de néo-nazis

Photo: CTK
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L'immobilisme des forces de l'ordre tchèque devant l'un plus grands rassemblements de néo-nazis en Europe cette année contraste singulièrement avec leur intervention musclée contre les « ravers » de la CzechTek d'août dernier. Cette affaire soulève à nouveau des interrogations sur l`action du ministre de l'Intérieur.

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La police tchèque n'a déjà pas bonne réputation en soi, qu'on lui reproche son inefficacité, ses affaires de corruption interne, ses méthodes ou les personnes qui s'y trouvent encore, recyclées après 1989. Lorsque Frantisek Bublan a été nommé ministre de l'Intérieur en août 2004, l'hebdomadaire politique de référence tchèque Respekt se félicitait de ce choix d'un ancien signataire de la Charte 77. Nombreux sont ceux qui, chez les journalistes et ailleurs, ont déchanté depuis.

Ce week-end, dans le Sud de la Bohême, ce sont près de 500 crânes rasés venus de toutes parts qui se sont rassemblés sous couvert d'un mariage. Des journalistes de la télévision tchèque ont réussi à filmer les participants de cette réunion faisant le salut nazi et scandant le nom de Rudolf Hesse au son de la musique de groupes militants appelant à la haine. Malgré la présence de 80 policiers, censés intervenir lors de violations manifestes de la loi, les skinheads ont pu continuer paisiblement leurs festivités. Interrogé par la radio tchèque sur l'inaction policière, le ministre de l'Intérieur, Frantisek Bublan, est resté évasif :

Ministre de l'Intérieur Frantisek Bublan
« Je suis bien entendu préoccupé par ce qui s'est passé, mais je ne peux pas donner de jugement définitif sur la question parce que j'attends en réalité un rapport d'évaluation. Il y avait des experts sur place et il y a aussi des enregistrements. Je ne veux donc pas faire de jugements au préalable. »

Ce n'est pas la première fois que de tels rassemblements d'extrémistes de droite ont lieu en République tchèque. Et ce n'est pas la première fois non plus que la police tchèque se trouve sur place pour maintenir l'ordre, et ferme les yeux sur les manifestations agressives des skinheads. Jusqu'alors, les raisons invoquées avaient toujours été l'absence de preuves de violation de la loi, qui interdit toute manifestation ostentatoire se référant à l'idéologie nazie. Seulement, cette fois-ci, les caméras de Ceska televize étaient là. En dépit de ces images, le porte-parole de la police tchèque, Dusan Klicha, s'est défendu au micro de la Radio tchèque :

« Nous n'avions pas de caméra pour ainsi dire au bon endroit, pour filmer au travers de l'une des fenêtres du restaurant, contrairement à la télévision tchèque. »

Premier ministre Jiri Paroubek,  photo: CTK
Quant au Premier ministre Jiri Paroubek, il reste dans l'expectative :

« J'ai demandé au ministre de l'Intérieur qu'il me communique ses informations, pour savoir si cela s'est vraiment passé comme le disent les media ou quelles étaient les raisons pour lesquelles la police n'est pas intervenue. Si cela s'est en effet déroulé comme cela a été décrit, alors j'aurais attendu une intervention des forces de l'ordre. »

Si tout le scénario avait un goût de déjà-vu, les images prises par la télévision tchèque ont quelque peu changé la donne. Mais elles ne sont en rien une garantie de plus de fermeté de la part des policiers, lors d'un prochain rassemblement de skinheads. Au-delà de la simple République tchèque qui les attire à cause du laxisme des autorités, l'existence même de ces groupes extrémistes en Europe reste une des grandes faiblesses des pays démocratiques, que ceux-ci ne parviennent pas à juguler.