La Poste tchèque en grève… ou non ?
Certains facteurs tchèques font de nouveau grève ce jeudi. Bien que le débat médiatique autour du mouvement de protestation à la Poste tchèque soit assez houleux, seuls 250 employés à Prague et quelques dizaines d’autres à Ústí nad Labem, Brno et Olomouc y prennent activement part, selon les syndicats. Par ailleurs, la direction de la Poste, qui emploie au total quelque 30 000 personnes, annonce un nombre de grévistes encore inférieur, avec un peu moins de 80 participants.
Une situation analogue s’était déjà produite lundi, alors que seuls une centaine des 6 000 employés annoncés ont participé à une grève de deux heures. Bien qu’organisées lors de la période peut-être la plus importante de l’année pour la Poste tchèque, les protestations n’ont donc finalement presque pas touché sa clientèle.
Certains syndicalistes, qui ne cessaient de croire que le nombre de grévistes allait encore augmenter dans l’après-midi de jeudi, s’expliquent ce relatif échec par le comportement de la direction de la Poste qui, affirment-ils, dissuade ses employés de participer à la grève en leur faisant du chantage. Vice-président du comité de grève, Filip Janovský a expliqué pour la Radio tchèque :« Nous avons reçu plusieurs centaines de plaintes de la part des employés qui décrivaient notamment des pénalités qu’ils pourraient se voir infliger s’ils prenaient part à la grève. Nous nous efforcerons de composer un dossier comportant toutes les informations relatives à ces pratiques des autorités de la Poste, ainsi qu’une liste de personnes prêtes à témoigner. Nous transmettrons ensuite ces documents à la justice. »
Ces paroles ont été confirmées par d’autres employés qui ont souhaité garder l’anonymat :
« On m’a fait savoir que si je participais à la grève, je n’obtiendrais de prime ni cette année, ni l’année prochaine. »
Cette version des faits est cependant catégoriquement rejetée par le porte-parole de la Poste tchèque. Matyáš Vitík a rappelé que la direction considère ce mouvement comme illégal, dans la mesure où aucune liste de grévistes ne lui a été remise :« Nous évaluons actuellement les dommages à plusieurs millions de couronnes par jour. »
Le salaire moyen à la Poste, qui s’élève à 22 700 couronnes (840 euros), est inférieur d’environ 4 000 couronnes (un peu moins de 150 euros) à la moyenne nationale. La grève vise à obtenir une augmentation de l’ordre de 2 500 couronnes (environ 93 euros). La Poste affirme toutefois ne pas disposer de ressources suffisantes pour financer une telle revalorisation des salaires.
A la différence des syndicats minoritaires, les grands syndicats de l’institution ne participent pas à ce mouvement de protestation. Ils ont en effet signé, en novembre dernier, un accord avec la direction de la Poste selon lequel les salaires augmenteront, l’année prochaine, de 2,6 %, soit une hausse d’environ 550 couronnes (20 euros).