La première monographie d'Henri Cartier-Bresson

Henri Cartier-Bresson, photo: CTK

Le photographe Henri Cartier-Bresson n'est plus. Il vient de disparaître à l'âge de 95 ans. Il manquera beaucoup aux photographes tchèques.

Henri Cartier-Bresson,  photo: CTK
"Je ne suis ni économiste ni photographe de monuments et bien peu journaliste. Ce que je cherche surtout c'est d'être attentif à la vie,"a écrit Henri Cartier-Bresson. Il se considérait pendant toute sa vie comme un photographe amateur, ce qui était peut-être un des secrets de son art qui n'a jamais perdu son caractère de nouveauté et de fraîcheur. Un des plus grands photographes du XXe siècle a exercé aussi une forte influence sur la photo tchèque. Parmi ceux qui ont vite compris la valeur exceptionnelle de son art, et qui l'ont fait connaître au public tchèque, il faut nommer avant tout l'historienne d'art, Anna Farova. Interrogée par la radio, elle a souligné un trait caractéristique des photos de Cartier-Bresson :

"Outre le contenu de ses photos qui est expressif, sensible et fort, Bresson possède encore une autre qualité qui le distingue des autres capteurs de moments éphémères: il est ce qu'on pourrait appeler un compositeur parfait. Il sait capter d'une façon magistrale, et avec rapidité, la composition parfaite de l'image."

La photo par Henri Cartier-Bresson,  photo: CTK
C'est Anna Farova qui créé et publie la première monographie d'Henri Cartier Bresson, parue aux éditions Odeon, à Prague, en 1958. Dans les années 1950, elle trouve les premières photos de Cartier Bresson dans des journaux et des revues, et se trouve prise d'une grande envie de connaître leur auteur. En 1956, lorsqu'elle est autorisée, malgré le rideau de fer, de visiter sa mère établie à Nice, elle se rend à l'agence Magnum à Paris. Cartier-Bresson, un des fondateurs de l'agence qui deviendra célèbre, invite la jeune Pragoise inconnue à boire un verre. A cette époque, Cartier Bresson n'est connu ni dans le monde ni en France, mais Anna Farova a flairé son génie. "Il a été surpris par mon arrivée, se souviendra-t-elle. Néanmoins j'ai du éveiller en lui une confiance inattendue et absolue, et il a mis à ma disposition ses photos et m'a permis d'écrire sur lui. (...) Il a beaucoup aimé cette monographie. J'ai traduit les textes en français pour lui permettre de comprendre ce que j'avais écrit." Le livre d'Anna Farova sera un succès même sur le plan européen, et son auteur recevra des commandes pour écrire des monographies d'autres grands photographes.