Paris Photo 2010 : une découverte de la photographie tchèque (2e partie)
Retour au 14e Salon Paris Photo, qui se tient jusqu’au dimanche 21 novembre au Carrousel du Louvre, à Paris. La première foire de la photographie au monde qui mélange tous les styles et toutes les époques se focalise, cette année, sur l’Europe centrale, en l’occurrence sur la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne et la Slovénie. Une opportunité extraordinaire pour les photographes venant de ces cinq pays d’accéder au marché international. On écoute le commissaire général de Paris Photo, Guillaume Piens.
« Il y a une grande curiosité à propos de la création centre-européenne, de nombreuses institutions et de collectionneurs sont venus acheter des Tchèques, des Slovènes… La scène contemporaine n’est pas trop connue en France. On connait mieux les classiques. Nous avons eu la chance d’avoir Anna Fárová qui était franco-tchèque et qui a fait ce lien entre Paris et Prague. Elle a été la première, avant même la chute du Mur de Berlin, à faire une exposition à Paris sur l’avant-garde tchèque. Grâce à elle, la France a pu bénéficier de relations plus particulières avec la Tchéquie. Mais ce n’est pas le cas avec d’autres pays : la France n’a absolument aucune connaissance de la Slovaquie, de la Slovénie, personne ne sait vraiment ce qui se passe à Ljubljana… Paris Photo est une foire très internationale, vous avez ici les institutions les plus prestigieuses, comme Victoria and Albert Museum, Tate Modern, Museum of Fine Arts de Boston… Ils viennent tous pour acheter ces artistes qui vont donc rentrer dans des collections internationales, aussi bien des grandes institutions que des collections privées : François Pinault est venu sur le Salon pour acheter aussi. »
Quelles sont les principales thématiques de ce Salon ?
« Le portrait est très présent et c’est peut-être lié à l’Europe centrale. Nous avons beaucoup moins de photographies ‘école allemande’, la vie urbaine etc. Il y a cette tendance du retour à des pratiques originales de la photographie. Il y a toutes ces grandes discussions autour : la fin de l’argentique, le numérique… Finalement, on se rend compte que les photographes d’aujourd’hui ont envie de revenir aux pratiques originelles. Un autre aspect lié, à mon avis, aussi à la scène d’Europe centrale, c’est la relation entre le corps, la photographie et la performance, ou plutôt l’action. C’est une tradition riche en Europe centrale. Par exemple le Hongrois Tibor Hajas faisait des performances dans les années 1970, ainsi que Marina Abramovic, une artiste serbe, car à Paris Photo, nous exposons aussi des photographes venus des Balkans, on n’est jamais très loin de l’Europe centrale... »