La presse tchèque s’enthousiasme pour l’Orchestre philharmonique de Radio France

Photo: CTK

Deux événements culturels aux couleurs franco-tchèques ont trouvé écho dans la presse de cette semaine : l’ouverture du 68e Printemps de Prague par l’Orchestre philharmonique de Radio France et le début du Festival international du film de Cannes. Notre attention a été également attirée par une réflexion sur la situation des Roms en République tchèque, à l’occasion de la commémoration de l’holocauste des Roms.

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Comme le veut la tradition, le festival de musique le Printemps de Prague, qui en est cette année à sa 68 édition, a été ouvert le 12 mai par le cycle symphonique « Ma patrie » de Bedřich Smetana. Cette oeuvre « nationale » par excellence a déjà été interprétée à ce festival par des orchestres étrangers, c’est toutefois la première fois que cette tâche est revenue à un orchestre français, en l’occurence l’Orchestre philharmonique de Radio France, dirigé par la baguette du Canadien Peter Oudjian. Le quotidien Lidové noviny s’est enthousiasmé pour cette prestation :

« Nous n’avons pas le monopole pour Ma patrie. Le fait que les différents orchestres et les différents chefs d’orchestre, locaux et étrangers, se passent le relais pour l’exécution du concert d’ouverture est une bonne chose... Interpréter cette oeuvre n’est facile pour aucun des orchestres étrangers. Il faut donc d’autant plus apprécier l’aplomb et la maîtrise avec lesquelles elle a été exécutée cette fois-ci. La sonorité de l’orchestre français a été monumentale et haute en couleurs. »

Pour l’auteur de l’article, cette interprétation magistrale de l’oeuvre de Smetana n’a rien à envier à celle de la Philharmonie tchèque... Les qualités d’interprétation et l’excellente couleur musicale de l’Orchestre philharmonique de Radio France ont également été mises en relief par une critique publiée sur le serveur aktualne.cz. Son auteur est lui aussi conquis par l’orchestre français :

« Inviter à Prague l’Orchestre philharmonique de Radio France était une bonne idée. C’est d’ailleurs pour la quatrième fois seulement dans l’histoire du festival, vieille de 68 ans, qu’un orchestre étranger a exécuté cette oeuvre de Smetana à Prague. L’orchestre français s’est merveilleusement sorti des écueils de la partition, le tout étant présenté avec le sourire et de façon décontractée. Voilà pourquoi l’orchestre a été également agréable à regarder. »

Et l’auteur de cet article de souligner que l’exécution française de « Ma patrie » a donné une réponse claire à la question de savoir si seuls les instrumentistes tchèques sont capables de comprendre cette œuvre ou si elle est véritablement universelle.


Comme chaque année, la presse nationale prête un grand intérêt au festival du film de Cannes qui vient de commencer, ceci en dépit du fait que le cinéma tchèque n’y est pas, depuis longtemps d’ailleurs, représenté. Dans un article qui a été publié dans l’édition de ce mercredi du quotidien Lidové noviny, Tereza Brdečková a écrit :

« Le programme officiel du festival ne présente ne serait-ce qu’un seul long métrage d’un réalisateur de l’Europe centrale ou de l’Europe de l’Est. C’est vrai aussi pour la section Qunzaine des réalisateurs. Même les Roumains, qui sont généralement tellement appréciés, sont absents... C’est assez étonnant, car les technologies utilisées aujourd’hui ont donné de nouvelles possibilités aussi aux cinéastes issus de pays pauvres, comme en témoignent les festivals de moindre importance qui se tiennent dans le monde. Le regard sur le programme du festival de Cannes montre clairement une chose : tandis que le festival de Berlin s’ouvre à toutes les régions du monde, l’intérêt des Français ne couvrent qu’une certaine partie du monde qui d’ailleurs ne cesse de se rétrécir. »

Mladá fronta Dnes a cité ce jeudi le producteur tchèque Viktor Touš qui se rend à Cannes dans le cadre du programme « Producteurs en mouvement » dont l’objectif est la recherche d’échanges et de coproductions et qui a dit :

« Depuis vingt-trois ans, le cinéma tchèque n’a pas à Cannes de film en compétition. Pourquoi cette absence ? J’estime que le festival choisit des films qui sont soit ‘très Est’, soit ‘très Occident’, tandis que nous, nous nous trouvons à mi-chemin. Et surtout, chaque film en compétition doit être soutenu par un important producteur international, un grand studio, bref, par un important soutien financier. »


Lety,  photo: Jana Šustová
« Les Roms craignent que leur histoire tragique ne se répète ». C’est ce que titre un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt suite à la cérémonie religieuse qui s’est déroulé à Lety, à l’endroit où se trouvait pendant la Deuxième Guerre mondiale un camp de concentration destiné à la population rom. L’article rappelle que les Roms, toutes les catégories d’âge confondues, de nouveaux-nés aux vieillards, y vivaient dans des conditions inhumaines, souffrant de la faim, du froid, de maladies. Près de trois cents détenus, y compris des enfants, sont morts directement à Lety, tandis que beaucoup d’autres ont été transférés au camp de la mort d’Auschwitz. Des cinq mille Roms tchèques détenus à Auschwitz, un dixième seulement a survécu. Plus loin, l’auteur de l’article remarque :

« Depuis l’an 1995, où le président Václav Havel a dévoilé à Lety un monument, une cérémonie commémorative s’y déroule régulièrement le 13 mai. C’est par ailleurs la dernière fois qu’un président de la République y a fait son apparition. Cette année, à l’occasion du 70ème anniversaire de la fondation du camp, on n’a vu venir aucun haut représentant politique, sinon une vice-présidente du Sénat... » Cette absence a été remarquée notamment à la lumière des problèmes qui sont actuellement liés à la situation de la minorité rom et au sujet de laquelle l’hebdomadaire a écrit :

« La situation des Roms, surtout des Roms pauvres, ne cesse de se détériorer rapidement. Ils sont refoulés à la périphérie des villes ou vers leurs environs, dans des ghettos... La ségrégation des enfants roms dans les écoles s’approfondit. S’agissant des manifestations anti-rom, on voit que ce ne sont plus seulement les néonazis, mais aussi des citoyens ‘honnêtes’ qui clament des slogans pleins de haine, le tout avec le soutien de politiciens locaux. »

En conclusion, l’auteur de l’article note :

« Certes, faire une comparaison avec les années 1930 serait exagéré. Toutefois, on peut trouver certaines analogies. Peu de gens réalisent que les nazis en Allemagne et dans les pays occupés se sont servis de la législation alors en vigueur. Dans l’ancienne Tchécoslovaquie, il s’agissait de la loi sur les tziganes ambulants qui leur interdisait de séjourner dans certaines localité. A cette époque-là comme aujourd’hui, ils ont d’abord été condamnés à vivre en marge de la société, avant d’être considérés et étiquetés comme ceux qui ne veulent pas travailler et dont les enfants sont ‘non éducables’. »


Le non paiement de la pension alimentaire est un phénomène très répandu en République tchèque. C’est ce dont informe une des éditions de cette semaine du quotidien Lidové noviny qui constate que le nombre de parents ne voulant pas payer ce qu’ils doivent à leur progéniture a tendance à augmenter. Il précise :

« En Tchéquie, la totalité des dettes de pension alimentaire se situe autour de cinq milliards de couronnes. Selon les données disponibles, on trouve en Tchéquie près de 150 à 170 mille enfants qui ne reçoivent pas la pension alimentaire définie à l’issue de la procédure de divorce de leurs parents. »

Photo: Barbora Kmentová
C’est un amendement aux procédures civiles d’exécution, en vigueur depuis le mois de janvier, qui pourra, selon le journal, améliorer la situation dans ce domaine. Ainsi, les exécuteurs ont désormais, par exemple, la possibilité de confisquer leur permis de conduire aux non-payeurs de pension alimentaire ou bien de mettre aux enchères leurs parts dans des logements coopératifs.

Le montant de la pension alimentaire en Tchéquie dépend des revenus du parent qui la doit et des besoins de l’enfant. Il se situe en général entre 9 et 25 % de ces revenus.