La production et la consommation de pervitine toujours importante en République tchèque

La Centrale nationale antidrogue a rendu public son rapport annuel ce mardi. Un rapport qui fait état d’un problème persistant en République tchèque : la production de pervitine.

La pervitine, c’est la métamphétamine made in Czech Republic. Une drogue à succès en raison de la facilité de sa fabrication : synthétisée à partir de médicaments contenant de la pseudo-éphédrine disponibles en pharmacie, elle est souvent tout simplement produite à la maison. Pour Jakub Frydrych, directeur de la Centrale nationale antidrogue, la République tchèque tient là, un triste record européen dans la production de stupéfiants :

« Il est difficile d’établir précisément la consommation absolue de ces substances illégales. Nous n’avons que quelques indicateurs qui nous permettent de tirer des conclusions. Nous avons une énorme quantité de petits laboratoires de production de pervitine. On en a compté 340 l’an dernier, ce qui est un cas unique en Europe. Cette petite production connaît d’ailleurs une légère augmentation en comparaison des années précédentes. »

L’accessibilité de la pseudo-éphédrine contenue dans les médicaments est, pour Jakub Frydrych, le principal problème. Depuis l’automne dernier, ces médicaments, souvent du simple paracétamol, sont de nouveau en vente libre, sans que les pharmaciens n’aient l’obligation d’enregistrer le nom du client. Auparavant, de mai à octobre, ceux-ci ne pouvaient être achetés que sur présentation d’une carte d’identité. Mais le Bureau pour la protection des données personnelles a émis des réserves en rapport avec ces données sensibles. Le Ministère de la Santé a donc révisé son amendement qui va être à nouveau soumis aux les députés.

Côté consommation, Jakub Frydrych estime que les consommateurs de pervitine représentent à l’heure actuelle les deux tiers des toxicomanes en République tchèque et sont les plus grands consommateurs de métamphétamine en Europe. Mais pour Jiří Presl, de l’association Drop In qui aide les toxicomanes à décrocher, la situation générale de la production et de la consommation de stupéfiants sur le marché tchèque n’est toutefois pas si alarmante que cela :

Jiří Presl
« En même temps, la situation n’est pas aussi tragique que cela. D’un côté, il y a la production, mais c’est une production qui est aussi dirigée vers d’autres pays européens. On fabrique pour exporter. En ce qui concerne notre situation propre, en ce qui concerne les utilisateurs de drogues dures, par injection notamment, la situation est stabilisée depuis plusieurs années. A ce niveau-là, il n’y a pas de développement catastrophique. »

Autre phénomène croissant selon Jakub Frydrych : l’augmentation des plantations de cannabis. Une production qui selon lui va s’accroître, d’autant que la demande à l’étranger est forte en la matière. Tout comme la pervitine, le cannabis est également exporté dans d’autres pays européens. La police veut d’ailleurs contrôler plus sévèrement la détention de marihuana dans les lieux publics.

Rappelons également que depuis l’entrée en vigueur au 1er janvier du nouveau Code pénal, la détention de petites quantités de drogues, qu’elles soient « douces » ou « dures », est dépénalisée en République tchèque, faisant du même coup du pays l’un des plus libéraux d’Europe en la matière. Difficile de dire pour l’heure ce que cette nouvelle législation, dans un pays déjà réputé tolérant en la matière, aura comme conséquence visible sur le prochain état des lieux de la toxicomanie en République tchèque.