La possession de petites quantités de drogue officiellement tolérée en République tchèque
A partir du 1er janvier, la détention de petites quantités de drogues, qu’elles soient « douces » ou « dures », est dépénalisée en République tchèque, un pays qui devient du même coup l’un des plus libéraux d’Europe en la matière. Une décision du gouvernement qui souhaite ainsi mettre un terme à la confusion engendrée par une législation vieille de plus de dix ans, qui faisait d’un délit la possession d’une quantité « plus grande que petite » de drogue. Désormais, policiers, juges et consommateurs tchèques savent exactement ce qu’est une « petite quantité ».
« Que dieu soit loué pour ces nouvelles normes, même si j’aurais souhaité que les quantités maximales soit plus élevées », se réjouit le journaliste Jiří Doležal, l’une des figures du mouvement pour la légalisation de la marijuana.
Dans un pays déjà connu pour sa relative tolérance, la décision du gouvernement a quand même surpris. La ministre de la Justice, Daniela Kovářová, a précisé que les quantités tolérées avaient été fixées sur la base de « l’actuelle pratique judiciaire » :
« A partir du 1er janvier, une quantité ‘plus grande que petite’ sera, en ce qui concerne les champignons halucinogènes, 40 pièces, et, en ce qui concerne les végétaux, ce sera une quantité supérieure à cinq plants. »
Cette limite de cinq plants concerne également - et bizarrement - les cactus contenant de la meskaline, une disposition qui a provoqué la stupeur chez les responsables de jardins des plantes et autres pharmacologues, qui veulent déjà faire changer cette disposition.
Ces nouvelles règles entrent en vigueur en même temps que le nouveau Code pénal tchèque et concernent aussi les drogues dites « dures ». Ne risqueront des poursuites pénales que les personnes détenant plus d’un gramme et demi d’héroïne, un gramme de cocaïne, ou plus de deux grammes de pervitine - la métamphétamine traditionnellement fabriquée en République tchèque. Seront tolérées également quatre pilules d’ectasy et environ la même quantité de LSD. Jakub Frydrych dirige le centre antidrogue de la police nationale :
« C’est clairement un bas dans la bonne direction parce que cela va accroître la sécurité juridique. Mais il faut aussi ajouter qu’il peut aussi y avoir des sanctions pour la possession de quantités inférieures aux limites, même si ce n’est qu’une infraction, une infraction est aussi sanctionnée. »
Le docteur Ivan Douda dirige l’ONG Drop In, spécialisée dans l’aide aux toxicomanes. Selon lui, ce ne sont pas ces nouvelles règles qui vont permettre de résoudre les problèmes liés à la drogue dans le pays.
« C’est presque une bonne initiative mais cela peut également devenir problématique, comme les autres modifications législatives jusqu’ici. Tout va dépendre de ce que vont faire la police et la justice dans les cas où la quantité tolérée est dépassée. Il devrait rester une possibilité de juger au cas par cas. En tout cas, ce ne sont pas ces changements dans les textes qui vont avoir une influence sur l’évolution du marché de la drogue, ces changements sont faits pour faciliter le travail de la police et de la justice. » Autre problème soulevé par les spécialistes : le manque de moyens accordés à la prévention et au traitement de la toxicomanie. Dans ce domaine, la République tchèque est en queue du peloton européen, ce qui donne à certains le sentiment que la politique du gouvernement tchèque en matière de drogue manque encore de cohérence.