Les jeunes Tchèques ont moins fumé de cannabis en 2011
Certaines tendances semblent se dégager du Rapport annuel publié par l’Observatoire national des drogues et des toxicomanies pour 2011. Les consommateurs de marijuana seraient pour la première fois en baisse en République tchèque. Dans un pays où 0,5% de la population adulte aurait une addiction problématique, le nombre de consommateurs de certaines drogues dures serait en revanche plus élevé, notamment en ce qui concerne la méthamphétamine, plus connu sous ces latitudes sous le nom de pervitine.
« 40 à 50% des personnes dépendantes aux opiacés utilisent des substituts légaux, ce qui constitue un bon résultat. Ensuite, il y a les opiacés venant du marché noir. Il se trouve que des antalgiques (des produits visant à diminuer la douleur) sont également utilisés, comme cela était le cas il y a de nombreuses années sous le communisme, ce qui est très intéressant. »
Une autre drogue synthétique est en progression. Il s’agit de la pervitine, de la méthamphétamine de production tchèque pouvant être fabriquée à partir de médicaments disponibles en pharmacie, parfois sans ordonnance. Cette substance stimulante est hautement additive et ses effets secondaires indésirables peuvent être ressentis plusieurs jours. Markéta Pecháčková en a consommée quatorze années durant. Son histoire est rapportée par la Radio tchèque. Elle a finalement décidé d’arrêter quand est né son deuxième enfant en rejoignant une communauté thérapeutique. On l’écoute :
« J’en avais assez de vivre dans la rue parce que c’est là que j’ai bien évidemment fini. J’ai appris qu’il existait des communautés thérapeutiques pour les mères et leurs enfants. Cela m’a semblé être une chance de m’en sortir à la fois pour moi et pour le petit. Je me suis décidée dix jours avant d’accoucher car à la base, je voulais le laisser à une structure d’adoption. S’il n’y avait eu que moi, je n’aurais sans doute jamais pris la décision d’arrêter. »Son expérience comme celle de « Katka », que la réalisatrice de documentaires Helena Třeštíková a filmée durant plusieurs années, deux expériences marquées par des grossesses, ne sont pas des cas isolés selon Viktor Mravčik, qui est à ce sujet plutôt optimiste :
« Les jeunes femmes, ainsi que celles qui sont dépendantes à des drogues, peuvent tout simplement tomber enceintes. Je pense que ces dernières années, la situation se stabilise dans le domaine de ces dépendances problématiques, et de fait, de plus en plus de personnes peuvent être en contact avec des services de conseil et de soin, comme cela a été le cas pour Markéta. »
Les données publiées montrent également une baisse de la consommation de cannabis, une baisse à prendre cependant avec des pincettes, car les méthodes d’obtention de ces chiffres n’ont pas toujours été les mêmes, selon Viktor Mravčik. Les Tchèques de 15 à 34 ans étaient 20% à avoir fumé du cannabis en 2010, et seulement 16,1% en 2011. Ils restent toutefois de gros fumeurs si on les compare à leurs voisins européens comme le constate Tomáš Zábranský du Centre en addictologie de la Faculté de médecine de Prague :« En ce qui concerne le cannabis, je dirais plutôt que la situation se stabilise. Cela signifie que la République tchèque fait partie du groupe de pays avec le plus d’habitants ayant au moins une fois dans leur vie essayé un produit à base de chanvre. »
Il faut dire que la République tchèque est plutôt tolérante en la matière puisque les consommateurs ne sont pas ou peu pénalisés. Ils ne sont pas inquiétés s’ils possédent jusqu’à quinze grammes d’herbe et peuvent s’improviser jardiniers pour quelques pieds de cannabis. Enfin, le Parlement tchèque en a récemment autorisé l’usage thérapeutique.