La Radio tchèque a diffusé le plaidoyer inédit de Milada Horakova, femme politique exécutée en 1950
A l'occasion du 16e anniversaire de la révolution de Velours, le 17 novembre dernier, la Radio tchèque a diffusé des enregistrements authentiques jusqu'ici inédits du procès politique de Milada Horakova, exécutée le 27 juin 1950 au terme d'un procès monstrueux pour avoir initié, après le putsch communiste de février 1948, une attitude commune des partis non communistes.
Pour la première fois depuis 55 ans, le public a pu entendre les dernières paroles du plaidoyer prononcé par Milada Horakova, symbole de la résistance contre le communisme et femme politique que le régime a condamnée à mort par pendaison. La voix claire et forte de Milada Horakova, surgissant d'un passé obscur, a suscité de nombreuses réactions remplies d'émotion au sein du public et parmi ceux grâce auxquels elle a été sortie des archives : le producteur et documentariste de télévision Martin Vadas, qui a initié la recherche, et Alena Simakova, qui a découvert dans les Archives nationales tchèques une caisse poussiéreuse contenant trois bandes sonores portant la mention: "ne rien diffuser des dernières minutes du procès."
« Messieurs les juges, il m'est difficile de trouver des raisons pour me défendre », affirme en introduction de son plaidoyer Milada Horakova, avant que sa parole ne soit coupée. Comme il ressort de l'enregistrement du procès diffusé par la Radio en 1950, les parties dont la direction communiste a estimé qu'elles ne pouvaient être diffusées ont fait défaut pour être remplacées par des commentaires de l'animateur. Les documents découverts 55 ans après prouvent que ceux portés pour authentiques pendant de longues années par la propagande communiste ont été falsifiés. Milada Horakova n'a pas capitulé face au verdict de mort:
« Nous avons longuement discuté de ce qu'on appelle la conviction. Car c'est par ma conviction que mes actes étaient motivés. Je dois dire que la sécurité de l'Etat et ses organes ont manifesté plus de patience pour me convaincre, alors que moi, j'ai été beaucoup moins patiente, après février 48, pour me persuader que les violences et les injustices qui étaient à l'origine de mes actes étaient réelles ou passagères. Je mentirais en disant que j'ai changé, que je suis tout autre, que ma conviction a changé. Cela ne serait ni vrai, ni honnête. »
Selon l'historien Jan Nemecek, ces paroles de Milada Horakova ont été la principale raison pour laquelle son extraordinaire plaidoyer n'a jamais été diffusé :
« Le sens du procès était de déshonorer les inculpés, de les montrer comme des ennemis du peuple, comme des personnes brisées qui ont avoué leur culpabilité. En réalité, Milada Horakova est restée ferme et fidèle à sa conviction. Ce qui était en contradiction avec ce que la StB et respectivement la direction communiste ont voulu obtenir au cours de ce procès. »