La Radio tchèque célèbre le 60e anniversaire du début des émissions en tchèque de Radio Free Europe

Radio Europe Libre

Le 1er mai prochain sera célébré le 60e anniversaire du lancement des émissions en tchèque de Radio Free Europe/Radio Liberty. Synonyme de liberté d’information pour les Tchécoslovaques sous le régime communiste, la légendaire station américaine, dont le siège se trouve aujourd’hui encore à Prague, a émis en tchèque jusqu’en 2002, soit trois ans après l’adhésion de la République tchèque à l’OTAN. Pour marquer cet anniversaire, la Radio tchèque, en collaboration avec d’autres institutions publiques, a lancé, début mars, un projet de trois mois baptisé « Svobodně! » - « Librement ! ».

L’objectif de ce projet est d’abord de rappeler que la démocratisation de la Tchécoslovaquie n’a pas commencé en 1989 avec la révolution et la chute du régime communiste, comme l’a souligné le directeur de la Radio tchèque, Peter Duhan :

« La lutte pour la liberté a commencé bien avant. Elle a été immensément pénible et remplie de victimes, il ne faut pas l’oublier. En même temps ce projet s’adresse à tous les jeunes qui devraient savoir sur quels piliers repose la liberté dont nous disposons aujourd’hui. »

L’espace de trois mois, de mars à mai, une série d’émissions spéciales, ainsi que des conférences, expositions et autres événements seront donc proposés au public, en premier lieu aux auditeurs des différentes stations de la Radio tchèque. Celle-ci a préparé ce vaste projet en collaboration avec la Faculté des lettres de l’Université Charles à Prague, le Sénat et l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires.

Radio Europe Libre/Radio Liberté,  Munich
En 1951, au moment du lancement de Radio Europe Libre/Radio Liberté, le premier directeur de la rédaction tchèque était Ferdinand Peroutka, un des plus célèbres journalistes tchèques du XXe siècle. La qualité de l’équipe de rédacteurs et par conséquent des émissions a été justement une des raisons du succès de Radio Free Europe auprès du public tchèque et slovaque. C’est ce que n’oublie pas John O’Sullivan, l’actuel directeur des programmes de Radio Free Europe :

« La Pologne, la Roumanie et la République tchèque ont probablement été les trois services les plus importants pour nous, car leurs émissions avaient une réelle audience. Nous possédions des journalistes extrêmement bons qui opéraient en dehors de Munich, où se trouvait alors le siège de Radio Free Europe. Ces journalistes étaient tchèques et s’adressaient aux auditeurs tchèques. Ils ont contribué à la survie du mouvement dissident, comme par exemple avec la Charte 77. »

A d’autres moments-clefs de l’histoire de la Tchécoslovaquie durant la seconde moitié du XXe siècle, que ce soit en 1968 et 1969 avec l’écrasement du Printemps de Prague ou en 1989, la radio américaine, malgré la volonté du régime de supprimer la diffusion de ses émissions, a également joué un rôle parfois crucial dans l’évolution des événements.

Avec l’installation de la démocratie en Tchécoslovaquie puis en République tchèque, Radio Europe Libre/Europe Libre a logiquement supprimé la diffusion de ses émissions en tchèque. C’était en 2002. Aujourd’hui, la station américaine concourt à la lutte pour la liberté dans d’autres pays et régions du monde, comme l’a expliqué John O’Sullivan :

« Nous avons des Iraniens qui diffusent vers l’Iran, des Russes qui diffusent vers la Russie ou des journalistes d’Asie centrale qui diffusent vers l’Asie centrale et leurs pays. Les régimes autoritaires sont cependant un peu moins cohérents que ne l’était le bloc soviétique. Il s’agit en outre souvent de régimes dans lesquels existe un culte de la personnalité et qui possèdent des dictateurs qui ont parfois un caractère particulier. Cela dit, le KGB mène toujours la danse dans ces sociétés. »

John O’Sullivan,  photo: Martin Kutil
Le directeur des programmes de Radio Europe Libre rappelle également que, dès le début dans les années 1950, la rédaction tchèque de la station américaine a été une sorte d’antenne de la Radio publique tchécoslovaque. Ses journalistes s’efforçaient alors de proposer des programmes et de traiter de sujets dont le régime communiste aurait interdit la diffusion en Tchécoslovaquie, les considérant comme de la subversion ou de la propagande capitaliste. Une réalité qui a prévalu jusqu’à l’effondrement du régime. Progressivement de nombreux journalistes de Radio Europe Libre ont alors rejoint les rangs de la Radio tchèque.