« La République tchèque a 20 ans d'avance sur la Tunisie »

Slim Chaker

Le secrétaire d’Etat tunisien chargé du tourisme, Slim Chaker, était cette semaine à Prague. Il s’agissait de la première visite d’un membre du gouvernement de transition mis en place après la révolution du jasmin et la chute du régime du président Ben Ali. L’occasion pour Radio Prague de poser quelques questions à Slim Chaker sur les nouvelles relations entre Tunis et Prague depuis ces événements.

Slim Chaker
La République tchèque a une expérience relativement récente du passage de la dictature à la démocratie - c’était il y a une vingtaine d’années -, est-ce que les Tchèques peuvent vous apporter quelque chose de cette expérience ?

« C’est exactement ce que j’ai dit tout à l’heure à mon homologue tchèque : ‘Vous avez fait la révolution de velours en 1989, nous avons fait la révolution du jasmin en 2011, le chemin que vous avez parcouru en vingt ans, en mettant en place des élections libres, démocratiques et transparentes, en mettant en place un parlement, une constitution, un système de gouvernance basé sur la démocratie, de nouvelles institutions et surtout un système économique performant, nous commençons à l’emprunter maintenant. Vous avez vingt ans d’avance, certainement que nous aurons besoin de votre savoir-faire, de vos success-stories, de vos conseils’. Je suis sûr que ces conseils seront précieux. J’ai convenu avec mon homologue du tourisme et du développement régional de venir en Tunisie pour une visite officielle et lui ai suggéré de venir avec des hommes d’affaires, pour mettre en place des projets très rapidement. Je suis sûr que si vous mettez des businessmen tchèques et tunisiens dix minutes à la même table ils vont faire des affaires et des projets en commun, et à mon avis c’est la meilleure façon de renforcer la coopération entre la République tchèque et la Tunisie. »

Ce sera sans doute également l’un des objectifs du chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, qui se rend en Tunisie en fin de semaine…

Tunisie
« Effectivement, il sera en Tunisie ce vendredi et le dossier du tourisme figure parmi les dossiers à l’ordre du jour. Je pense qu’aujourd’hui nous assistons aux premiers pas d’une coopération qui, je l’espère, sera fructueuse pour les deux parties. »

Vous faisiez le parallèle entre révolution de velours et révolution du jasmin ; il y a eu dans les médias des comparaisons un peu plus poussées, avec notamment l’immolation de ce jeune Tunisien au début des événements, comparée à l’immolation du jeune Tchèque Jan Palach en 1969. Et certains Tunisiens ont dit : ‘Nous avons notre Jan Palach mais il nous manque notre Václav Havel’…

« Oui, effectivement il nous manque notre Václav Havel. C’est pour ça que nous, au gouvernement de transition, nous travaillons pour qu’il y ait le 24 juillet des élections libres, transparentes et démocratiques et que pour qu’à l’issue de ces élections nous ayons nous aussi notre Vaclav Havel. Un ministre étranger venu me voir juste après la révolution m’a dit en descendant de l’avion ‘Monsieur Chaker, j’ai vraiment un sentiment de fierté en venant en Tunisie, le nom de la Tunisie sera inscrit dans les livres d’histoire’. Je lui ai répondu : ‘Monsieur le ministre, mon objectif n’est pas qu’il soit inscrit dans les livres d’histoire, mon engagement est qu’il soit gravé en lettres d’or dans les livres d’histoire’. »

L'entretien réalisé avec Slim Chaker sera diffusé dans son intégralité vendredi dans la rubrique Economie/Commerce.